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mardi 30 juillet 2019

Se perdre dans les Bousse


Image gratuite Pixabay

Pour celles et ceux qui ont suivi ma recherche - sans succès à ce jour - de la tombe de mon AAGM Adeline Godot et in extenso de son époux Paul Victor Bousse, je vous délivre ici un billet dérivé concernant Marie Joséphine Bousse, la soeur de ce dernier. Si c'était une série TV, on appellerait cela un Spin-of.

Et je m'y perds dans les Bousse, d'où le titre de cet article qui est un jeu de mots avec le fait de s'égarer en forêt. En effet Bousse est tiré d'un toponyme (par exemple Bousse en Moselle) qui désigne grosso-modo un endroit couvert par les buis ou les buissons.

Commençons par une petite chronologie de Marie Joséphine Bousse.

Chronologie


  • 11 mars 1854 : naissance à Pont-à-Mousson, fille de Jean-Baptiste (Metz 1820 - Baccarat 1879) et de Barbe Victorine Vincent (Nomeny 1830 - Lunéville 1874). Elle est l'aînée de quatre enfants dont un décédé en bas âge.
  • 1863 : toute la famille vit à Strasbourg où nait et meurt le petit dernier Charles Paul.
  • 1872 : toute la famille vit à Lunéville.
  • 1874 : décès de sa mère Barbe Vincent à Lunéville.
  • 1879 : décès de son père Jean-Baptiste Bousse à Baccarat.
  • 14 septembre 1882 : à Pontault-Combault (Seine-et-Marne) naissance de sa fille Marie Fernande Adrienne Faurie dont le père est Louis Ernest Alexandre Faurie (Cahors 1855 - Montreuil 1917) qui vit à La-Ferté-Gaucher.
  • 31 mars 1883 : le couple se marie à Nogent-sur-Marne.
  • 20 mars 1885 : naissance à Nogent-sur-Marne de leur deuxième fille Marie Juliette.
  • 11 octobre 1886 : naissance à Nogent-sur-Marne de leur troisième fille Marie Lucie.
  • 4 août 1890 : naissance à Le-Perreux-sur-Marne de leur dernier enfant, un fils, Georges Jean-Marie.
  • 1897 : décès de Charlotte Bousse, sœur de Marie Joséphine, à Reims, où vit leur frère Paul Victor.
  • 1906 : La famille Faurie vit à Vincennes. Marie Fernande Adrienne et Marie Juliette se marient respectivement avec Attila Victor Persin et Auguste Léon Giraud.
  • 1909 : Marie Lucie se marie avec Paul Joseph Aymé Vernier.
  • 1910 : Georges se marie avec Germaine Pernet.
  • 1912 : Adrienne divorce.
  • 21 novembre 1917 : décès de Louis Ernest Alexandre Faurie à Montreuil au domicile du couple.
  • 25 mars 1921 : Marie Joséphine est citée dans la déclaration de succession de son époux. Elle habite alors à Saint-Mandé, rue Eugénie, qui deviendra par la suite la rue Poirier.
  • 1926 : elle habite toujours à Saint-Mandé, rue Poirier donc.
  • 1931 : elle est déclarée absente à la même adresse.
  • 1932 : elle est citée avec son frère Paul Victor sur la déclaration de succession de leur cousin germain Victor Christophe Bousse, décédé à Nomeny.
  • 1934 : elle est de nouveau citée sur une correction de ladite déclaration, toujours habitant à Saint-Mandé.
  • Après 1934 : ?

Extrait de la déclaration de succession de Victor Christophe Bousse en 1932 - bureau de Nomeny - AD54



Mais alors, où est donc passée Marie Joséphine ?

La recherche de l'acte de décès et/ou de la sépulture

 

Dans les communes où elle a vécu

 

Naturellement, on pense en premier à Saint-Mandé ! Et ça tombe bien les tables décennales sont quasi toutes disponibles en ligne jusque 1942 sur le sites des archives du Val de Marne. Mais cela aurait été trop facile ! Elle n'y est donc pas décédée. J'ai donc regardé dans les TD de toutes les communes du département, sans plus de succès. Quand les tables de successions et absences (cotes 3Q) ont été mises en ligne, je me suis rué dessus. Bec dans l'eau, nez dans le mur. Circulez, il n'y a rien à voir.

On fait donc la chronologie inverse de ses lieux d'habitation :
  • Montreuil, où est décédé son époux : non.
  • Vincennes : déjà fait évidemment.
  • Nogent-sur-Marne et Le-Perreux-sur-Marne : idem. NB : La commune du Perreux a été créée en 1887, avant c'était un secteur de Nogent.
  • Pontault-Combault : non, mais quelle idée d'aller chercher là ?
  • La-Ferté-Gaucher : non, idem.
  • Lunéville : non.
  • Baccarat : non.
  • Strasbourg : à quoi ça rime ?
  • Pont-à-Mousson : parfois les anciens retournent vivre sur les terres de leur naissance. Pas cette fois.

 

Suivre les enfants pour retrouver la mère ?

 

Georges Jean Marie FAURIE

Georges, photographe de profession, a vécu successivement à Paris, Tours, Bohain-en-Vermandois (Aisne), Pont-sur-Yonne (Yonne) puis de nouveau à Tours où il est décédé en 1958. J'ai donc recherché dans toutes ces communes s'il y avait la trace de sa mère, sans succès, vous l'aurez deviné. A Tours, j'ai même recherché dans les tables de successions et absences. J'ai également récupéré la déclaration de succession de Georges suite à son décès pour voir s'il y avait une quelconque mention de sa mère. Niet.
Par acquit de conscience, en profitant d'un voyage à Poitiers, je me suis rendu au cimetière tourangeau où Georges a été inhumé. La concession est échue depuis 2008 mais par chance la sépulture est toujours là. Maman Faurie n'y est évidemment pas. Mais au moins je peux clore la piste du fiston sans y revenir.

Marie Lucie FAURIE

Marie Lucie est décédée en 1976 dans le 18e arrondissement de Paris où elle a toujours vécu (à la même adresse) avec son mari Paul Vernier. Là, je ne vous cache pas que j'aurais pu gagner du temps si j'avais fait les recherches dans le bon ordre !
En effet, j'ai recherché pendant de longs mois (pas à temps plein, on se comprend) le lieu de son inhumation, dans les cimetières de Paris mais pas seulement, en vain. Son époux est décédé en 1948 à... Paris selon les TSA mais cette information était fausse ! Il m'a fallu demander sa déclaration de succession aux archives de Paris pour y voir plus clair. Il est en fait décédé à Groslay (Val d'Oise) où il était en déplacement. Il y possédait un terrain (dont il est fait mention dans la succession).
J'appelle donc la mairie de Groslay pour savoir s'il y a bien été inhumé. Oui ! Et Marie Lucie ? Non. Ah bon ? Oui oui. La concession est échue en 1978 et a ensuite été revendue.
Je reviens donc à la déclaration de succession qui m'apprend que le couple Faurie/Vernier avait une petite-fille, née en 1946. Il y avait donc de fortes chances qu'elle soit encore en vie. Je la retrouve dans les pages jaunes et décide de lui écrire une lettre en espérant que ce ne soit pas une homonyme.
Quelques semaines plus tard, elle me répond par courrier électronique ! Super ! C'est bien elle mais elle ne sait pas grand chose. Elle ne sait rien sur son arrière-grand-mère mais elle m'apprend que sa grand-mère Marie Lucie n'a pas de tombe ! Elle a en effet fait don de son corps à la science tout comme sa sœur Adrienne - au moins je n'aurais pas à perdre mon temps à chercher cette dernière.
Là aussi, je peux clore cette piste sans y revenir.

Acte de décès de Paul Joseph Aymé Vernier - Mairie de Groslay - photocopie


Marie Juliette FAURIE

Marie Juliette est décédée dans le 12e arrondissement de Paris en 1955 et son époux Auguste Giraud en 1948. Eux aussi ont toujours vécu à la même adresse. Leurs déclarations de succession respectives ne m'ont pas donné d'informations intéressantes. Ils ont eu deux enfants, décédés en 2001 et 2015 sans postérité. Pour retrouver leur sépulture je me suis donc tourné vers les registres des convois funéraires conservés aux archives de Paris, maintenant numérisés et en ligne. Cela m'a permis de retrouver leur sépulture à Saint-Mandé au cimetière Nord. Elle existe toujours aujourd'hui mais il n'y a aucune trace de maman Bousse-Faurie.


Transport du corps de Mme Giraud - AD75 - cote 2484W 71


Tombe du couple Giraud / Faurie - Cimetière Saint-Mandé Nord - photo personnelle



Marie Fernande Adrienne FAURIE

Je termine par la fille aînée qui a choisi Adrienne comme prénom d'usage. Elle a divorcé six ans après son mariage sans avoir eu d'enfants. Elle est donc revenue vivre chez ses parents, alors à Vincennes, dès 1912. En 1921, d'après la déclaration de succession de son père, elle habite à Paris, rue Lapérouse. En 1926, elle n'y est déjà plus. Elle est décédée à Créteil en 1975. Sur l'acte de décès elle est dite domiciliée place Charles Dullin mais je ne retrouve pas cette place dans les recensements de 1926 à 1936. Et pour cause ! Elle s'appelait place Dancourt à cette époque ! Une fois la lumière revenue à tous les étages de mon cerveau, je me suis donc rué de nouveau sur les recensements. Bingo en 1931 ! Elle y vit avec sa mère ! Ceci explique pourquoi cette dernière était déclarée absente de Saint-Mandé la même année. En 1936, Adrienne est toujours là, sans sa mère cette fois.


Recensement place Dancourt - quartier Clignancourt - 1931 - AD75 - cote D2M8 445

Recensement rue Eugénie - Saint-Mandé - 1931 - AD94 - cote D2M8 530


Mais alors, où est donc passée Marie Joséphine ?

Rechercher une sépulture de famille plus ancienne ?


C'est là que tout part en vrille, qu'on multiplie les pistes, qu'on se rajoute des énigmes dans l'énigme (sans l'aide onirique de Christopher Nolan, comprendra qui pourra).

Les parents de Marie Joséphine


Je ne reviens pas dessus car j'en parle déjà dans mon billet sur Adeline Godot.

La belle-famille de Marie Joséphine 


Je me suis d'abord intéressé aux parents de Louis Ernest Alexandre Faurie :

Jacques Alexis Faurie

Né en 1820 à Larroque-Toirac (Lot) et décédé en 1889 à Le-Perreux-sur-Marne, Jacques était professeur puis proviseur de Lycée ce qui l'a fait déménager souvent : Cahors, Toulouse, Melun...
Il n'a pas été enterré au Perreux. Comme il est décédé après son épouse, je pousse mes recherches de ce côté.

Sophie Adrienne Trillot


Née en 1833 et décédée en 1882 à Paris, Sophie Adrienne s'est mariée avec Jacques Faurie à Melun en 1854. Ils n'ont que deux enfants : Louis Ernest Alexandre donc et Marie Joachime Pauline Joséphine (1858-1939).
J'ai consulté le registre des convois funéraires de 1882. On y trouve bien une entrée pour Adrienne Trillot mais le cimetière de destination n'est pas indiqué comme très souvent dans ces registres avant 1900. On devine en revanche qu'elle a été transférée en dehors de Paris.
J'ai également consulté sa déclaration de succession qui fait état de possessions à Melun issues de l'héritage de ses parents.


Transport du corps d'Adrienne Trillot - AD75 - cote 2484W4


Passons au parents Trillot :

Jean-Louis Trillot

Né à Melun en 1802 d'un père creusois et d'une mère marnaise, Jean-Louis Trillot était marchand platrier et entrepreneur de charpentes. Il est décédé en 1873 dans la même ville.

Louise Adélaïde Emélie Cotelle

Née à Melun en 1807, elle y épouse Jean-Louis Trillot en 1829. Ils ont ensemble trois enfants :
  • Joséphine Emélie (Melun 1830 - Colombes 1918) non mariée, pas de postérité.
  • Sophie Adrienne citée ci-avant.
  • Ernest Louis (Melun 1837 - Cannes 1909), capitaine de frégate, marié à Paris en 1885 avec Ernestine Potel, veuve d'un M. Drapier, propriétaire à Seine-Port, pas de postérité. Son cas est intéressant, j'y reviendrai.
Louise quitte ce monde en 1879, à Melun.

Grâce à l'aide d'une gentille bénévole j'ai pu avoir accès à leurs déclarations de succession. On y apprend qu'ils étaient multi-propriétaires à Melun. Mais... Ils n'y ont pas été inhumés ! Tout cela parait invraisemblable ! Je suis vraiment tombé sur une famille spéciale !

Le cas Ernest Trillot


Ernest Trillot était capitaine de frégate, il s'est donc beaucoup déplacé au gré de ses missions. Je suppose que c'est pour cela qu'il s'est marié sur le tard et qu'il n'a jamais eu d'enfants. Il a été élevé au rang d'Officier de la Légion d'Honneur et Commandeur du Nicham. Du fait de sa profession à hautes responsabilités, il a sans doute fait fortune. Il est d'ailleurs décédé dans sa propre villa de Cannes, appelée très justement "La Frégate". Son faire-part de décès est disponible en ligne sur Geneanet mais il n'indique pas le lieu de son inhumation ! Sa veuve décède en 1915 dans la même villa. Je ne sais pas qui en a hérité mais cette information ne nous intéresse pas ici.


Faire-part de décès d'Ernest Trillot - source Geneanet - AD75 - cote V7E/DECES/115


Alors suis-je dans l'impasse ? Peut-être pas, car une recherche rapide sur Filae m'apporte une information intéressante : Ernest aurait été propriétaire d'un château à Seine-Port. Où se trouve Seine-Port ? à côté de Melun ! On y retrouve des Trillot inhumés dans son cimetière ! La bénévole évoquée plus tôt m'en a envoyé les clichés. S'il ne s'agit pas de mes Trillot, ils y sont forcément liés car Trillot n'est pas un patronyme seine-et-marnais.

Cette piste me semble donc sérieuse ! J'attends d'autres nouvelles de ce côté. Mais est-ce que retrouver les Trillot/Faurie m'amènera au couple Faurie/Bousse ? Rien n'est moins sûr.

Mise à jour du 03/01/2020 : 

Ernest Trillot a été inhumé au cimetière du Grand Jas à Cannes. La sépulture existe toujours et j'en attends un cliché.

A suivre !

Mise à jour du 12/09/2020 :

Miracle ! #Généajoie ! Grâce à l'opération Sauvons nos tombes de Geneanet, je l'ai retrouvée ! La tombe existe toujours et les dates y sont encore visibles ! Ils ont donc été enterrés à Melun, cimetière du nord... Melun, j'aurai longtemps tourné autour !

Il ne me reste maintenant plus qu'à déterminer le lieu du décès de Marie Joséphine Bousse, une formalité je pense.


Tombe Faurie x Bousse - Melun Nord - Photo déposée par BIll Rousseau sur Geneanet

 
Mise à jour du 21/09/2020 :

Renseignements pris auprès du cimetière de Melun : Marie Bousse est donc décédée à Trojan-les-Bains, sur l'Île d'Oléron ! D'après une petite recherche sur Gallica, il y avait un sanatorium là-bas, ce qui n'a rien d'étonnant en bord de mer. Mais alors pourquoi l'avoir envoyée si loin de Paris alors qu'il y avait d'autres endroits bien plus proches et que toute la famille ou presque habitait encore en Île-de-France ? Problème de place ? Nécessité d'un certain confort ? Cela reste à déterminer mais peut-être ne le saurai-je jamais.

2 commentaires:

  1. Décidément, il en faut de la persévérance pour retrouver les décès et les inhumation dans cette famille ! Bon courage et surtout bonne chance !

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  2. Eh bien ! on peut vraiment s'y perdre dans toute cette histoire, mais ton article t'a en tout cas permis de mettre toutes tes informations par écrit. J'espère que ta dernière hypothèse sera la bonne ! Bonne chance pour tes recherches !

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