samedi 21 décembre 2019

RDV Ancestral : In vino veritas, in aqua sanitas !

Ah ! Siroter un verre de vin sur une terrasse, quel plaisir coupable ! Il faut dire que cet attrait pour ce nectar doit me venir de mes ancêtres agnatiques, père, grand-père et plus anciens encore s'y adonnaient mais pas forcément avec le même plaisir. Addiction pour l'un, nécessité pour d'autres, mon grand-père racontait qu'il buvait jusqu'à 12 litres (!) de vin par jour à son travail à cause de la chaleur qui y régnait - il était tourneur sur métaux. Si la quantité me parait largement exagérée, la cause ne m'étonne guère.

Mais celui auquel je pense le plus est le père de ce dernier, Joseph Bourdin-Grimaud, né en 1881 à Pantin. Il était cocher-livreur. Et que livrait-il ? Et bien du vin en tonneaux pardi ! Tandis que je continue de descendre mon breuvage, je me remémore cette fameuse photo qui s'est transmise de génération en génération :


Café situé à Pantin dans les années 20. A gauche : Joseph Bourdin-Grimaud - archive familiale


Joseph est présent sur cette photographie datant des années 20, le tout premier sur la gauche. Je sais par sa fiche matricule qu'il n'était pas très grand - 1 mètre 55 - ce que la photo confirme au regard des autres protagonistes. Je me demande alors, mais comment un homme de ce gabarit pouvait décharger des tonneaux de vin aussi lourds ? Mon père, qui ne l'a pas connu car décédé 20 ans avant sa naissance, me racontait qu'il les faisait tenir sur son ventre proéminent. OK, une fois vides, je veux bien mais pleins, non, je ne vais pas croire à cette légende familiale !

- Dites donc mon gaillard, vous n'douteriez pas de moi, des fois ?

Subitement sortie de mes pensées, je lève mon nez de mon verre et l'aperçois en face de moi : Joseph ! Le petit homme rondouillard de la photo se présente bel et bien devant moi avec un demi-sourire asssuré.

- Non, mais je veux dire, balbutié-je alors, c'est que d'après mes recherches les tonneaux parisiens pouvaient contenir 773 litres, les barriques 402 litres, les feuillettes 133 litres... La plus petite contenance que j'ai trouvée est le quartaut, qui à Paris, était de 67 litres tout de même !

- Ah les quartauts, pour moi c'est facile ! Moi je transporte surtout des feuillettes ! Pour les plus grandes contenances, il faut s'y mettre à plusieurs. A moins d'en consommer un peu sur place, finit-il avec un rire à gorge déployée.

Quand j'y pense, je me dis que certains cochers ne devaient pas seulement se contenter de livrer... Mon AGP qui était si mince plus jeune a dû s'y adonner pendant ses heures de travail et j'imagine malheureusement pendant la Grande Guerre mais je m'égare, ceci est un autre sujet.

Je reviens donc à lui mais je constate qu'il s'apprête à partir.

- Comment, vous me laissez déjà ?

- Ben oui, c'est que j'ai du travail, moi ! Une tournée m'attend mon gars.

Nous retrouvons chacun notre occupation, lui à livrer son vin et moi à le boire.


CPA de Paris La Villette - transport de vin en tonneaux

vendredi 6 décembre 2019

Enquête photo #8 : Le demi-deuil joyeux ?

Me revoilà dans une nouvelle enquête photo !

Et pour celle-ci, je ne vais pas vous parler de lui :


Demi-deuil ou Melanargia galathea - image libre de droits

Mais plutôt d'eux :


Une mère et son fils ? - Archive familiale

Deuil ou demi-deuil ?


De prime abord je pensais que la jeune femme portait une tenue de deuil mais plusieurs personnes sur Twitter (notamment Marie @briqueloup, Marie-Luce @MLCLauer et Sophie @gazetteancetres, merci à elles) m'ont fait les justes remarques que :
  • Le col blanc indique que la personne n'est plus en grand deuil;
  • Le petit garçon ne porte pas de brassard noir qui signifie un deuil récent;
  • Leur visage a l'air serein avec un demi-sourire perceptible ce qui est inhabituel pour l'époque.
On peut donc exclure un deuil récent. Alors pourquoi pas un demi-deuil ?

Qu'est ce donc qu'un demi-deuil à part un joli papillon noir et blanc ? Voici ce que dit le wiktionnaire : « Deuil moins sévère que celui qui marque le grand deuil, que l’on était admis à porter après la période de grand deuil ou lorsque le défunt était un parent éloigné. »

Comme ici il s'agit d'une femme on pense tout de suite au veuvage mais elle pouvait très bien porter le deuil pour un parent, un beau-parent, un enfant, un cousin, etc. ce qui rend l'enquête plus difficile encore.

Provenance de la photo et datation


Ici, ce n'est guère compliqué. Cette photo me provient, comme tant d'autres analysées dans mes enquêtes photos, de ma cousine éloignée Paulette Coquelet mais plus précisément de ses parents : Charles Coquelet (Saint-Quentin 1889 - Paris 1932) et Marie Jeanne Leroy (Liez 1892 - Paris 1988), la cousine germaine de mon AGM. Je connais évidemment le visage de toutes ces personnes. Ce n'est donc pas l'un ou l'une d'eux sur cette photo.
Pour la datation : c'est une photo au format carte postale (rien au dos, comme d'habitude !), format apparu durant la première guerre mondiale et qui a perduré jusque dans les années 30. Il a connu son apogée plutôt autour des années 20.

Recherche généalogique


Fort des informations précédentes, je me dois tout de même de réaliser un petit arbre généalogique du couple précédent, m'obligeant ainsi à travailler même sur des personnes collatérales à mes collatéraux. Qui a dit que la recherche généalogique se bornait aux ancêtres ?

Il me faut donc travailler branche par branche pour savoir s'il y a eu des deuils dans la famille proche ou éloignée du couple Coquelet x Leroy.

* Sur les arbres qui vont suivre, je barre les femmes dont je connais le visage et encadre les personnes décédées entre la 1GM et les années 20.

Branche Coquelet




Branche Olivier (mère de Charles Coquelet)




Branche Leroy



Branche Leclère



Les décès et le deuil


Voilà donc ce qu'on retrouve comme décès dans la période qui nous intéresse :
  • Firmin Émile Coquelet, décédé en 1916 à Paris, père de Charles;
Qui pouvait porter le noir suite à son décès ?
    • Sa veuve Marie Catherine Olivier mais trop âgée pour être sur la photo.
    • Sa fille Marie Julia mais trop jeune. De plus je connais son visage et je sais qu'elle n'a pas eu d'enfant.
    • Sa bru Julie Peugnet. Ce n'est pas elle non plus car je l'ai identifiée sur d'autres photos. Son cas est d'ailleurs intéressant, je reviendrai sur elle. 
    • Son autre bru Georgette Dessailly. Impossible car elle a eu son premier enfant en 1923.
    • Sa dernière bru, Marie-Jeanne Leroy. Comme dit plus haut, ce n'est pas elle car je connais son visage.
  • Julie Peugnet, décédée en 1922 à Paris, bru du précédent;
Qui pouvait porter le noir suite à son décès ? Je ne vois personne d'autre que celles déjà citées. Il faudrait regarder du côté de la famille Peugnet.
  • Claire Georgette Coquelet, décédée en 1923 à Paris, nièce de Charles;
Sa mère pouvait avoir porté une tenue de deuil par la suite. Il s'agit de Georgette Dessailly déjà évoquée. Ce n'est donc pas elle sur la photo.
  • Euranie Joseph Olivier, décédé en 1912 à Saint-Quentin, oncle de Charles Coquelet;
Il était célibataire, sans enfant et loin du cercle familial parisien.
  • Alfred Charles Joseph Olivier, décédé en 1916 à Paris, oncle de Charles Coquelet;
Il était marié depuis 1900 avec Julie Julia Plet, née en 1876. Problème : je ne leur connais pas d'enfant ce qui ne signifie pas qu'ils n'en ont point eu. Elle s'est remarié en 1918 à Paris mais a divorcé six ans plus tard, à Saint-Quentin. En 1920, elle avait 44 ans, peut-être donc trop âgée pour être celle de la photo.
  • Marie Eugénie Célina Leclère, décédée en 1915 à Remigny, mère de Marie Jeanne Leroy;
Comme déjà évoqué : ce n'est pas Marie Jeanne Leroy sur la photo.
  • Des enfants mort-nés en 1904 et 1905 de Arthur Honoré Leroy, frère de Marie Jeanne, et de Henriette Rosa Baudouin.
Voilà un cas qui est intéressant mais revenons un instant sur Julie Peugnet dont voici la photo ci-dessous avec sa première fille Yvonne, née en 1912 :


Julie Peugnet et sa fille Yvonne Coquelet - archive familiale

Julie portait exactement le même type de vêtement que la femme de mon enquête. Cette photo date de la première guerre, sa fille étant née en 1912. Je ne sais pas si ses parents étaient encore en vie à cette époque (ils sont déclarés comme décédés au décès de Julie) mais Julie était veuve d'un premier époux depuis 1905. Elle s'est remariée avec Firmin Coquelet en 1909. Elle a également perdu un petit garçon avant de se remarier. Par conséquent tout prête à croire qu'elle porte le noir depuis un certain nombre d'années, d'autant plus que son beau-père est décédé en 1916.

Maintenant, revenons à Henriette Rosa Baudouin : la pauvre a vécu deux drames consécutifs, deux enfants morts-nés en 1904 puis 1905. Sa mère est également décédée en 1904. Heureusement, elle aura un fils, Alfred Ernest Leroy, en 1908. En considérant que, comme Julie Peugnet, Henriette Baudouin ait porté le demi-deuil un certain nombre d'années, pourrait-ce être elle et son fils Alfred sur la photo ?

Hypothèses sans conclusion


Aujourd'hui je ne vois que deux femmes pouvant être celle sur la photo et encore, avec une probabilité faible :
  • Julie Plet veuve Olivier depuis 1916, tante maternelle par alliance de Charles Coquelet. Mais il y a trois problèmes :
    • Elle est née en 1876, donc elle a déjà 40 ans en 1916;
    • Je ne lui connais pas d'enfant. Je pourrais bien sûr chercher encore un peu (Saint-Quentin ou Paris) mais il y a autant d'Olivier dans l’État Civil qu'il y en a dans les oliveraies du Sud-Est...
    • Les sourires...
  • Henriette Baudouin, épouse Arthur Honoré Leroy, belle-sœur de Marie-Jeanne Leroy. Elle est plus jeune que Julie Plet car née en 1883. Le problème est que son unique fils est né en 1908. Alors, à moins que la photo n'ait été prise plus tôt que je ne le pense (pas avant 1915 en tout cas), ce ne pourrait être lui sur la photo en raison de son âge (@PellePioche pense qu'il a six ou sept ans).
Rien ne me permet donc de conclure avec certitude. Comme l'ont écrit Jennifer (@Jenni_Indo) et Jean-François (@aieuxsurleplat) lors du ChallengeAZ 2019, je vais pratiquer la zététique et me permettre encore de douter... La vérité est peut-être ailleurs.


dimanche 1 décembre 2019

Challenge AZ 2019 : épilogue

Et bien...

Le Challenge AZ est terminé depuis hier !

Mais, mais !

Je ne voulais pas me servir du Z pour publier un épilogue donc voici mon article post challenge AZ, sous forme de synthèse de mes patronymes rares en vidéo !

J'en profite pour remercier une fois de plus toutes celles et ceux qui ont lu, commenté, aimé et mis en avant mes différents articles !

Voici la vidéo sur YT et ci-dessous :