samedi 18 septembre 2021

#RDVAncestral : L'homme qui portait malheureusement bien son nom

Cet article est écrit dans le cadre du #RDVAncestral ayant lieu le 3e samedi de chaque mois et qui consiste à imaginer une rencontre avec un ancêtre.

 

Pouvoir profiter d'un court temps libre afin de se promener le long d'une rivière, voilà qui est un luxe que je ne me paie pas souvent. C'est pourtant ce que je suis en train de réaliser en ce radieux samedi accompagné d'un bon air vivifiant. L'automne n'a pas encore atteint les arbres environnant et la vie urbaine, non loin de là, n'est guère à son point culminant. En clair, tout est calme et je me sens bien.

Soudain, ma vue se brouille, comme si je subissais un effet Doppler, puis retrouve sa netteté d'origine mais dans un environnement différent. Bien que je suis toujours aux abords d'une rivière, il n'y a plus aucune trace de vie citadine alentours. Ceci dit, le calme a cédé sa place à un attroupement au bord de l'eau. Je décide alors de m'approcher pour voir ce qu'il s'y passe.

Là, je distingue des villageois dont les habits me font penser que j'ai fait un bond en arrière de quelques siècles. Je dirais que je me retrouve bien avant la révolution française. Curieux, je m'avance alors et me fraie un passage entre les badauds qui, malgré mon apparence futuriste, ne prêtent guère attention à moi. C'est là qu'à mes pieds, je vois les corps de deux hommes, a priori morts noyés. Je m'enquiers de leur sort auprès d'une personne se tenant près de moi :

- Que s'est-il donc passé ?

- On vient juste de repêcher ces deux hommes. Ils se sont noyés dans le ruisseau mais on ne sait pas ce qu'il s'est passé, me répond tristement mon interlocuteur.

- Sauriez-vous qui sont-ils ?

- Mais oui bien sûr, tout le monde les connaît ici. Je suppose que vous n'êtes pas d'ici, vous !

- Non, en effet...

- Eh bien là, c'est Nicolas Duru et son voisin André Hiblot ! 

A la simple évocation du premier nom, je comprends immédiatement quand et où je me trouve : à Loivre (Marne) en 1756. Nicolas Duru, sosa 1202 de mes filles, y a été baptisé le 20 mars 1716. Fils de Louis et de Nicole Gourlin (avec ou sans r selon les actes...), il épouse en 1742 Marie Madeleine Vuarnet avec qui il aura quatre enfants. Son métier m'est inconnu car il n'en est fait mention sur aucun acte le concernant, directement ou indirectement.

 

C'est devenu un canal depuis... - Source Delcampe

 

C'est son acte de sépulture qui est donc le plus surprenant : il relate les circonstances de son décès. Il y est écrit qu'il a été trouvé noyé dans le ruisseau de Loivre ; il avait 40 ans. L'acte précédent relate le décès de son voisin André Hiblot qui n'a aucun lien de parenté avec lui. 


Actes de sépulture d'André Hiblot puis Nicolas Duru - Loivre 1756 - AD51


C'est à peine remémoré la fin funeste de mon ancêtre que je me retrouve à mon époque. Voilà un bien curieux RDV ancestral où je n'ai même pas pu échanger quelques mots avec mon ancêtre...

- Hey, je suis là !

Je me retourne et aperçois Nicolas, bien vivant, quoi que étrangement entouré d'un halo blanchâtre.

- C'est gentil d'être passé me voir, me lance-t-il tout sourire.

- Ce n'est pas vous qui m'avez fait venir !? lui réponds-je surpris.

- Allez, j'y retourne. A nous revoir !


Parfois, il ne faut pas chercher à comprendre. Que ce soit cette rencontre ou bien la cause de la noyade de mon ancêtre.

Pour finir, je trouve cela cocasse de finir sa vie dans un ruisseau quand on s'appelle Duru, le ru étant un petit cours d'eau.

4 commentaires:

  1. C'est vrai que dans ce cas son nom était prémonitoire... Pauvre homme !

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  2. C'est vrai que l'on ne peut qu'être interpelé par l'harmonie qui existe entre le patronyme et le destin du malheureux

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  3. Sympa (morbide ?) le rendez-vous. On aimerait beaucoup savoir ce qui est arrivé à ces deux pauvres hommes, ce serait bien que Nicolas repasse :)

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  4. Les noyades n'était pas rares autrefois, une bonne raison d'apprendre à nager aujourd'hui.

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