mardi 31 mai 2022

#Généalogie30 : une épine de Rose sicilienne

Ah ! Voilà que Sophie de la Gazette des Ancêtres relance le défi #Généalogie30 : 30 questions à se poser pour enrichir la vie d'un ancêtre. 

Au départ, j'étais parti pour décliner la relève de ce défi, étant peu motivé à l'écriture ces derniers mois, mais je me suis ravisé à peine une minute plus tard car ce pourrait être l'occasion de lancer quelques bouteilles à la mer Méditerranée à propos de l'ancêtre que j'ai choisie de vous exposer. 

Eh oui, je dois l'admettre, je sais peu de choses sur elle bien qu'elle ne soit pas très éloignée dans mon arbre généalogique, ou devrais-je dire « jardin de roses généalogique », car, oui, il s'agit de mon arrière-grand-mère Rosa Lanfranca, sosa 23 de mes filles, la mère de la mère (Rosa) de ma mère (Marie-Rose), personnage central d'un jardin sicilien bien fleuri. Vous l'aurez compris : les femmes s'appelant Rosa sont légion dans mes branches siciliennes.

Mais là n'est pas le sujet, revenons donc à nos boutons. Voici Rosa Lanfranca :


Rosa Lanfranca à la fin de sa vie - capture d'une photo de famille - colorisée par Marina Amaral

1. Naissance et baptême


Rosa est née le 6 mai 1870 à Camporeale, commune de la province de Palerme en Sicile, et a été baptisée le même jour. Je suis en possession des deux actes, le premier grâce au site italien d'Antenati, le second grâce à Familysearch.

Quels renseignements m'apportent l'acte de naissance ? Elle a été déclarée par son père Giuseppe Lanfranca, fils de Vincenzo, qui a 35 ans et qui exerce le métier de paysan (Villico). Il est dit que la mère s'appelle Maria Nicolino, fille de feu Michele et que l'enfant est née dans leur maison d'habitation. La déclaration a été faite en présence de deux témoins qui n'ont aucun lien de parenté avec la famille : Salvatore Marchese et Michele Maniscalco.

Et l'acte de baptême ? L'acte est écrit en latin et est très court. On y retrouve le nom des parents, du parrain, Antonino Nicolino, son oncle maternel, et de la marraine, Maria Caruso, sans lien connu à ce jour.


2. Son mariage


Je ne dispose que de l'acte de mariage religieux de Rosa Lanfranca, lui aussi rédigé en latin et très pauvre en informations. Rosa s'est donc mariée le 22 juin 1896 en l'église Sant'Antonio di Padova à Camporeale avec Calogero Perna - parfois écrit La Perna - issu du même village et de six ans son benjamin, fait rare pour l'époque et le lieu.
Rosa étant orpheline de père depuis l'âge de 7 ans, il n'y avait que sa mère, Maria Nicolino de présente au mariage de même du côté de Calogero qui a perdu son père, Pietro, l'année précédant le mariage.


Acte de mariage religieux entre Rosa Lanfranca et Calogero Perna - Familysearch


Quant aux témoins (testibus), le premier, Giuseppe Maggiore, n'a pas de lien de parenté connu avec la famille et le second, Pietro Salsiccia, ne semble pas en avoir non plus. Toutefois, c'est lui qui déclarera le décès de la mère de Rosa en 1905. Par conséquent, il peut s'agir d'un ami proche.


3. Son décès


Est-ce que j'ai toutes les informations sur son décès ? Ah ben non alors. Vraiment pas. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'à ce jour, je n'ai retrouvé ni acte de sépulture, ni acte de décès. Il faut savoir qu'au tout début du XXè siècle, Rosa et sa famille ont émigré en Tunisie pour ne plus jamais en repartir (enfin, ses enfants, si, mais c'est une autre histoire). Rosa et Calogero vivaient dans un petit village perdu dans le Gouvernorat de Zaghouan appelé Aïn-el-Asker. Selon ma mère, ils sont décédés dans ce village autour des années 50 mais elle était trop petite pour s'en souvenir avec exactitude. Nous détenons une photo d'eux avec ma grand-mère et quelques petits-enfants dont ma mère alors âgée de 3 ans. Cela montre qu'ils ont vécu au moins jusqu'en 1948.


Situation de Aïn-el-Asker par rapport à Tunis - Source Google Maps



Il y a bien le site de Geneanum sur lequel on peut retrouver des indexations des BMS catholiques des paroisses de Tunisie mais ces dernières sont largement lacunaires. Par ailleurs, le cimetière où ont été enterrés mes arrière-grands-parents n'existe plus depuis très longtemps. Nous y reviendrons plus tard.

Au moment où j'écris ces lignes, je n'ai plus aucune piste de recherche. Je vous dresse la liste de celles qui se sont avérées infructueuses :
  • La prélature de l'archevêché de Tunis : ils ont effectué les recherches deux fois sans succès.
  • La commune de naissance de Rosa, Camporeale, n'en a aucune trace alors que bien souvent il existe des transcriptions des actes de décès des italiens morts en Tunisie.
  • Les archives d'état de Palerme n'ont rien non plus.
  • Enfin, j'ai écrit à l'ambassade d'Italie en Tunisie qui m'a répondu négativement au bout de longs mois...
NB : ils n'ont pas été naturalisés français malgré le protectorat. Si quelqu'un a une idée, je suis donc preneur.



Eglise Saint-Eugène-d'Armand-Collin (El M'nagha), désaffectée mais la plus proche de Aïn-el-Asker encore debout. Il n'en existe aucune archive. Source Wikipedia.



4. Les personnes présentes aux évènements


Pour l'heure je ne me suis intéressé qu'au parrain de Rosa Lanfranca : Antonino Nicolino, son oncle maternel. C'est donc le frère de sa mère, Maria Nicolino. Il est né à Camporeale en 1831, fils de Michele (1798-1855), décédé du choléra, et Santa Vaccaro (-1861). Il est le 2e enfant connu du couple, après Leonarda et avant Mariano, Maria et Giorlando, tous ayant atteint l'âge adulte.

Antonino se marie en 1858 avec Liboria La Rocca, toujours à Camporeale où la famille s'établit. Ils auront 7 enfants dont 5 malheureusement morts en bas âge :
  • Michele (1859-1868) ;
  • Santa (1861-1863) ;
  • Santa (1865-1865) ;
  • Luigi (1866-1866) ;
  • Santa (1867-1868) ;
  • Michele (1869-?) ;
  • Santa (1873-?).
Michele se mariera et aura des enfants. Quant à Santa, j'ignore son devenir du fait des lacunes de l'état civil de Camporeale. C'est d'ailleurs pourquoi je n'ai pas encore retrouvé l'acte de décès d'Antonino ni celui de son épouse.


5. Son père


Le père de Rosa Lanfranca s'appelait Giuseppe. Tout comme sa fille, il est né à Camporeale, le 18 décembre 1835, fils de Vincenzo et Rosa Lipari. Je lui connais 9 frères et sœurs qui, chose rare, auraient tous atteint l'âge adule mais cela mériterait une recherche approfondie car je ne dispose pas de l'entièreté des actes de décès de la fratrie.

Giuseppe se marie en 1862 en l'église de Sant'Antonio di Padova avec Maria Nicolino, fille de Michele et Santa Vaccaro. Ensemble ils auront 8 enfants mais seulement 3 atteindront l'âge adulte dont Rosa et ses deux frères Vincenzo (1865-1915) et Michele (1876-1965) mais nous reparlerons d'eux plus tard.

La vie de Giuseppe, sosa 46 de mes filles, sera malheureusement courte puisqu'elle se termine le 1er octobre 1877 à l'âge de seulement 41 ans laissant Vincenzo, Rosa et Michele orphelins respectivement à l'âge de 12, 7 et 1 an. Sa veuve ne se remariera jamais.



6. Sa mère


La mère de Rosa Lanfranca se nommait Maria Nicolino, elle aussi née à Camporeale le 12 octobre 1839. Elle a la fille de Michele Nicolino (1798-1855) et de Santa Vaccaro (décédée en 1861) et je lui connais à ce jour une sœur : Leonarda (1827-1862) et trois frères : Antonino (1831-), Mariano (1835-1877) et Giorlando (1843-), ces derniers s'étant tous les trois mariés.

Comme indiqué précédemment, elle sera veuve peu après la naissance de son dernier enfant, Michele, et ne se remariera pas. Son veuvage durera 28 ans, puisqu'elle s'éteint à Camporeale en 1905. Le décès est déclaré par Pietro Salsiccia, l'un des témoins du mariage de mon arrière-grand-mère.



7. La fratrie


Giuseppe Lanfranca et Maria Nicolino ont eu en tout 8 enfants :
  • Rosa (1864-1865), morte en bas âge ;
  • Vincenzo (1865-1915) ;
  • Michele (1868-1872), autre petit ange ;
  • Rosa, mon AGM (1870-?) ;
  • Saverio (1872-1873) & Michele (1872-1875), jumeaux eux aussi morts en bas âge ;
  • Santa (1875-1875), décidément...
  • Michele (1876-1965), dernier enfant et celui qui a vécu le plus longtemps.

Il n'y a eu donc que Rosa et ses deux frères Vincenzo et Michele qui ont atteint l'âge adulte. Ils ont eu une destinée bien différentes les uns des autres :
  • Rosa a émigré en Tunisie ;
  • Vincenzo a épousé Antonina Ciaccio en 1892 puis Angela Vaccaro en 1914. Il a eu deux filles avec la première, Rosa (1898-?) qui épousera le fils aîné de mon AGM en 1920 avec qui elle aura 8 enfants en Tunisie. Le dernier d'entre eux est décédé l'année dernière. La vie de la seconde, Maria (1907-?) ,m'est inconnue. Il paraît qu'elle a été adoptée à la mort de ses parents et aurait changé de nom mais je n'ai rien pu retrouver pour le confirmer ou l'infirmer. Quand Vincenzo meurt à Camporeale en 1915, Rosa a 17 ans et Maria, 8 ans* ;
  • Michele s'est marié en 1900 avec sa belle-sœur, Margherita Perna (1881-1936) - oui, c'est une famille très endogame - avec qui il a eu deux enfants viables : Giuseppe (1911-1965) et Maria (1914-1997). Michele quittera Camporeale avec ses enfants et petits-enfants dans les années 50 pour s'installer en Toscane, à Castellina-Marittima, près de Pise. Il y meurt le 15 février 1965, quelques mois avant son fils. J'ai toujours des cousins qui vivent dans cette commune aujourd'hui.
* correction du 7 juin 2022 : j'ai a priori tordu le cou à cette légende familiale car je viens de retrouver l'acte de mariage de Maria Lanfranca en date du 22 janvier 1927 à Camporeale avec Giuseppe Davi, un meunier de 24 ans !


3 frères et sœur, 3 destins


8. Ses tantes et oncles


Du côté maternel, nous avons à ce jour :
  • Leonarda Nicolino (1827-1862), épouse de Francesco Cascio ;
  • Antonino Nicolino (1831-?), époux de Liboria La Rocca, 7 enfants ;
  • Mariano Nicolino (1835-1877), époux de Antonina Mangiaracina (-1918), 8 enfants ;
  • Giorlando Nicolino (1843-?), époux de Francesca Carrozza, 8 enafnts.

Et du côté paternel :
  • Antonina Lanfranca (1832-?) ;
  • Caterina Lanfranca (1834-1881), épouse de Antonino La Puma ;
  • Giuseppa Lanfranca (1837-?), épouse de Vincenzo Pisciotta ;
  • Saverio Lanfranca (1840-1895), époux de Rosa Guastella, un enfant ;
  • Pietro Lanfranca (1842-1929), époux Rosalia Accurso puis de Giuseppa Gianetta, 14 enfants ;
  • Antonia Lanfranca (1845-1891), épouse en secondes noces de Liborio Maenza ;
  • Simone Lanfranca (1848-1935), époux de Santa Mangiaracina (-1934), 10 enfants ;
  • Francesca Lanfranca (1850-?) ;
  • Calogero Lanfranca (1853-?).

Et il en reste tant à découvrir...


9. Ses relations avec les autres membres de la famille


Rosa a vécu environ la moitié de sa vie dans son village d'origine, Camporeale, et l'autre moitié en Tunisie dans diverses communes. Autant dire que déterminer avec exactitude quelles ont été ses relations avec les membres de sa famille est un parcours du combattant. Néanmoins, comme on a vu précédemment, cette famille était légèrement endogame. Rappelons que :
  • son frère, Michele, a épousé sa belle-soeur, Margherita Perna. Leurs enfants et leurs petits-enfants sont tous nés à Camporeale avant de déménager pour la Toscane dans les années 50.
  • son fils, Pietro Perna, a épousé sa nièce, Rosa Lanfranca - attention aux homonymes - à Camporeale en 1920. Leurs 8 enfants sont tous nés en Tunisie entre 1921 et 1939 et la famille vivait dans le même village que Rosa et son mari Calogero Perna, Aïn-el-Asker, dans le gouvernorat de Zaghouan.
Et, malgré l'éloignement entre Rosa et ses frères, je sais qu'elle a pu garder contact avec eux, surtout avec Michele (décédé en 1965) car Vincenzo est décédé prématurément en 1915 à seulement 50 ans. En effet, ma grand-mère, fille de Rosa, correspondait beaucoup avec son cousin germain, Giuseppe, fils de Michele, et ainsi de suite jusqu'à ma génération : j'ai rencontré mes cousins de Toscane pour la première en fois en 2001.

Voici un « petit » arbre descendant pour résumer le tout :



Là, il faut vraiment cliquer pour agrandir...



Dernier point : il y a de nombreux Lanfranca de Camporeale qui émigré vers la Tunisie dont la plupart étaient de proches cousins. J'imagine qu'ils ont pu se côtoyer mais je n'en ai pas la preuve formelle, d'autant plus que certains se sont fait naturaliser français quand d'autres sont retournés en Sicile par la suite.



10. Sa généalogie sur 4 générations


Bien que j'ai tous les noms sur 4 générations (voire 5 pour certaines branches), il manque certains lieux et dates et je n'ai pas l'assurance de les trouver un jour tant il manque de registres en ligne soit par inexistence soit par lacune. Il faut savoir par exemple que la paroisse de Camporeale n'a été créée qu'en 1779. Avant cette date, les familles venaient d'ailleurs, comme Gibellina, dans le cas des Lanfranca, et il n'y a pas de registre en ligne.


Arbre éventail Geneanet




11. Origine du nom


Lanfranca est un matronyme sicilien, dérivé de Lanfranco (Lanfranchi au pluriel). Il désigne une personne d'origine germanique, Landfranc (Land = pays + franc = du peuple franc). D'après Geneanet, il est documenté en Italie du Nord dès le IXè siècle sous la forme latine Lanfrancus.

Tous les Lanfranca de Camporeale descendent d'un seul couple, arrivé de Gibellina, située à une vingtaine de kilomètres de là, dans les années 1800-1810. Il s'agit de Giuseppe Lanfranca et Caterina Jenna (ou Ienna), arrière-grands-parents de Rosa.

D'après mes recherches, je peux affirmer avec quasi certitude que tous les Lanfranca nés à Camporeale sont mes ancêtres ou collatéraux.



12. Les porteurs du nom Lanfranca


Comme dit précédemment, les Lanfranca de Camporeale descendent d'un seul couple venu d'ailleurs. Ainsi, tous les porteurs de ce nom sont apparentés de près ou de loin à mon arrière-grand-mère Rosa. J'ai même recensé tous ceux qui ont été baptisés en Tunisie via le site Geneanum et la plupart ont leurs parents originaires du village sicilien ! Par conséquent, ceux-là également sont apparentés à Rosa.
A ce jour, j'en ai recensé 95 nés à Camporeale entre 1780 et 1921 et 43 baptisés en Tunisie au 20e siècle.



Les évènements des Lanfranca entre la Sicile et la Tunisie




13. Migration du nom de famille

 
Les premiers Lanfranca de Camporeale sont originaires de Gibellina, situé à une vingtaine de kilomètres de là. Je ne connais pas avec précision la date de leur arrivée à Camporeale car je ne dispose d'aucun acte de naissance ou de baptême des enfants du couple Giuseppe Lanfranca x Caterina Jenna. Comme je ne les ai pas trouvés dans les registres de catholicité en ligne de Camporeale, je suppose qu'ils sont tous nés à Gibellina, En revanche, ils se sont tous mariés à Camporeale, le premier d'entre eux, Antonino, en mai 1823 avec Vita Accurso. Sur l'acte de mariage, il est indiqué être né à Gibellina.
Évidemment, si on veut remonter au plus loin, il m'apparait très difficile de déterminer quand le premier Franc est arrivé en Sicile...



14. Mon ancêtre dans la presse ancienne


A ce jour, j'ai fait très peu de recherches dans la presse italienne. D'ailleurs, en ce qui concerne la Sicile, il n'y a a priori rien en ligne avant 1945. 
Quant à la presse française ou franco-tunisienne, je n'ai rien trouvé sur Rosa Lanfranca. En revanche, j'ai pu trouver quelques coupures sur certains de ces cousins, notamment ceux qui se sont fait naturaliser français. On les retrouve publiés au Journal Officiel, comme par exemple :


Extrait du JORF du 12 avril 1926 - Source Gallica


Ici, Jean Lanfranca, né Giovanni, n'est autre qu'un cousin germain de Rosa. Son épouse Rosalie Lanfranca, qui est aussi sa petite cousine (endogamie encore...), est née en Tunisie en 1905 et est décédée à Rognac (Bouches-du-Rhône) en 1991. Leurs deux enfants, eux aussi naturalisés, Sainte, née Santina (1923-2010) et Anne, née Anna (1925-). Le couple a eu d'autres enfants après 1926 : Simon (1928-1993), Innocent et Joseph.

Plus insolite, on apprend aussi qu'un autre Simon Lanfranca, autre petit-cousin de Rosa, était arbitre officiel à la pétanque !


Extrait du Tunisie-France du 10 mai 1949 - Source Gallica



15. Evènements marquants son village dans la presse


Je mets Camporeale de côté comme vu précédemment. En revanche, côté Tunisie, mon arrière-grand-mère a vécu dans le petit village d'Aïn-el-Asker, où mon arrière-grand-père était viticulteur. Pas grand chose à se mettre sous la dent dans la presse ancienne si ce n'est la nomination d'un vicaire comme desservant les paroisses de Pont-du-Fahs (aujourd'hui El Fahs), Aïn-el-Asker et Bir M'Cherga, toutes étant dans le gouvernorat de Zaghouan.


Extrait de la Tunisie Catholique du 5 octobre 1924 - Source Gallica


C'est d'ailleurs à partir de cette date - 1924 - que certains petits-enfants de Rosa, nés à Aïn-el-Asker, ont été baptisés à l'église Notre Dame des champs de Pont-du-Fahs. J'ignore pourquoi il ne l'ont pas été à Aïn-el-Asker. 
 


16. Mon ancêtre Rosa Lanfranca dans le contexte historique


Voici une petite frise comparative des évènements de Rosa versus l'Histoire :






17. Son conjoint


Calogero Perna (parfois écrit La Perna) est issu du même village que Rosa Lanfranca. Il né en 1876, le 18 novembre et baptisé le lendemain en l'église Sant'Antonio di Padova. Il n'a pas encore 20 ans quand il se marie avec Rosa alors qu'elle en a déjà 26.
Je n'ai pas plus de renseignements sur lui que sur son épouse hormis les actes et la transmission familiale mais je lui ai consacré un RDV Ancestral. Il est décédé aux alentours de 1952 selon les
souvenirs de ma mère et pour les mêmes raisons que pour Rosa, je n'ai toujours pas retrouvé son acte de décès à ce jour.



Calogero Perna à la fin de sa vie - capture d'une photo de famille - colorisée par Marina Amaral



18. Comment les familles pouvaient se connaître


Voilà une question à laquelle il m'est difficile de répondre faute de sources exploitables en Sicile. Il faut savoir que Camporeale n'était pas un petit village car selon la page Wikipedia italienne de Camporeale, il y avait pas loin de 5000 habitants en 1881 ! C'était déjà beaucoup trop pour que tout le monde se connaisse à la manière des petits villages. Par ailleurs, bien qu'il y avait une certaine endogamie chez Perna / Lanfranca, cela a débuté à la génération de Rosa et Calogero car je ne leur ai trouvés aucun ancêtre commun sur 5 générations. Ils devaient tout simplement vivre dans le même quartier.



19. Ses enfants


Je lui connais trois enfants dont un mort en bas âge. Il se peut qu'elle en ait eu d'autres mais il est certain que seulement deux ont atteint l'âge adulte : Pietro et Rosa. 

  • Pietro Perna est né à Camporeale en 1897. Il se marie au même lieu en 1920 avec la fille de son oncle Vincenzo Lanfranca, Rosa Lanfranca, née en 1898. Vu le (trop ?) proche cousinage, cela avait créé du remous à l'époque. Le couple a ensuite émigré en Tunisie où sont nés leurs 8 enfants qui ont tous atteint l'âge adulte. Après la fin du protectorat français et la prise de pouvoir de Habib Bourguiba, la famille a quitté la Tunisie en 1960 pour les Pouilles. Ce n'est que 60 ans plus tard que j'ai retrouvé la trace d'une descendante grâce à l'ADN, nos familles étant brouillées depuis lors pour des raisons diverses.


Pietro Perna & Rosa Lanfranca (son épouse, pas sa mère) à droite et sept de leurs huit enfants en Tunisie, années 40 - collection familiale



  • Giuseppe Perna est né aussi à Camporeale en 1899 mais ne vivra malheureusement qu'un an à peine.

  • Rosa Perna, ma grand-mère, est née à Tunis le 8 mai 1909 et a été baptisée le 22 juillet en l'église Notre-Dame du Rosaire (aujourd'hui c'est un centre culturel). Elle se marie le 19 avril 1931 à l'église du Sacré Cœur de M'rira à Fouchana, non loin de Tunis, avec Lorenzo Ferrara, immigré de Sicile depuis 1928. De cette union sont nés trois enfants, dont ma mère en 1945. La famille quitte la Tunisie en 1957 pour la France où elle s'installe dans l'Essonne, à Marolles-en-Hurepoix. Rosa Perna, nous quittera le 24 août 1998 à Arpajon.


Les extraits de BMS de Tunisie peuvent être obtenus auprès de la prélature de Tunis pour la modique somme de 6,10€ (!)





20. Leurs témoins, marraines et parrains


Concernant Pietro Perna, j'ai de la chance. Je dispose de son acte de naissance et de son acte de baptême, tous deux retrouvés sur le site de Familysearch.
  • La naissance a été déclarée le 24 avril 1897 par son père, Calogero, en présence de Antonino Zuppardo, 38 ans, paysan, et de Andrea Modesto, 50 ans, cordonnier. Si le second ne semble n'avoir aucun lien avec la famille, il se peut que le premier soit un cousin éloigné. En effet Pietro avait une AAAGM qui se nomme Michela Zuppardo.
  • L'acte de baptême a quant à lui été rédigé 8 jours plus tard. La marraine était Stefania Ferrara, qui n'a rien à voir avec ma branche Ferrara de San Cipirello. Quant au parrain, il s'agissait de Raimondo Liotta dont le lien avec la famille n'est pas établi à ce jour.

Egalement pour Giuseppe Perna, je dispose des deux actes :
  • La naissance, le 16 septembre 1899, est aussi déclarée par le père en présence de Leonardo Nicosia et Calogero Occhipinti, des voisins paysans (sans doute travailleurs de terre) sans lien établi avec la famille.
  • Le baptême, près de 2 mois plus tard, le 12 novembre, avec pour marraine Damiana La Pietra, qui est sans doute une cousine, la mère de Calogero Perna s'appelant Rosa La Pietra. Le parrain était Paolo Mirabella dont le patronyme m'était inconnu jusque là à Camporeale.

Enfin, je ne dispose que de l'extrait de baptême de ma grand-mère, Rosa Perna (voir point 19). Sa marraine était Antonina Nicosia, née à Tunis en 1888 mais originaire de Monte San Giuliano. Son parrain n'est autre que le mari de cette dernière, Giovanni Caruso natif de Camporeale en 1880. Ce couple s'est marié à Tunis en 1905 et a eu 3 enfants. Il n'y a pas de lien de parenté établi à ce jour.



21. Présence au mariage de ses enfants


Lorsque son fils aîné, Pietro, s'est marié en 1920 à Camporeale, Rosa et son mari Calogero habitaient en Tunisie et n'ont donc pas fait le déplacement pour ce mariage. De plus, comme j'écrivais plus haut, le fait que son fils se soit marié avec la propre nièce de Rosa a causé du remous. L'apaisement n'est venu que suite à l'émigration du nouveau couple en Tunisie.

En revanche, Rosa et Calogero étaient bien présents au mariage de ma grand-mère mais je n'en sais pas plus à ce stade.



22. Son métier


Je n'ai aucun document d'archives où cette information apparaît si ce n'est l'acte de mariage de son fils Pietro où elle est indiquée comme étant casalinga, c'est-à-dire femme au foyer ; mais elle devait très certainement aussi s'occuper de la petite exploitation viticole qu'elle avait avec Calogero Perna à Aïn-el-Asker en Tunisie.



23. Ses différents lieux de vie


Si vous avez lu les points précédents alors vous savez déjà où a vécu mon arrière-grand-mère Rosa Lanfranca. Elle est d'abord restée à Camporeale où elle est née jusqu'aux alentours de 1905 puis a émigré avec sa famille en Tunisie. Elle a d'abord vécu à Tunis, où est née ma grand-mère avant de s'installer dans la campagne de Zaghouan, à Aïn-el-Asker. 
Pourquoi a-t-elle quitté la Sicile ? La raison principale est simple : pour de nombreux Siciliens et du centre et de l'ouest de l'île, les conditions de vie étaient très difficiles tant et si bien que la province a vu le départ de plus 100 000 personnes entre 1905 et 1907.
Quant à son départ de la capitale tunisienne pour le gouvernorat de Zaghouan, les raisons me sont inconnues. J'ai comme hypothèse le fait que pendant le protectorat français de nombreuses communes ont été créées et que leur attractivité a permis à de nombreux immigrants, même italiens, de s'y installer à moindre frais. Mes arrière-grands-parents étaient loin d'être riches, bien au contraire, mais ils ont pu acquérir leur petite propriété viticole à Aïn-el-Asker.



24. Les recensements


A ma connaissance, il n'existe pas de recensement en Tunisie pendant le protectorat français. En Italie, il existe ce qu'on appelle « l'état des âmes » mais il n'y en a pas en ligne concernant les commues de Sicile de ma généalogie.



25. Je cartographie ses évènements



Cliquez pour agrandir



26. Passages chez le notaire


Sans doute est elle passée chez le notaire avec son mari puisqu'ils ont été propriétaires de leur petite exploitation viticole. J'en ignore simplement la date, ainsi que le nom du notaire, s'il était français ou italien... Tout cela s'est passé en Tunisie, donc les archives notariales, ce n'est pas la peine d'y songer. Je n'ai guère retrouvé de documents dans nos archives familiales, par ailleurs.



27. Récompenses ?


Néant.



28. Les objets de son quotidien


Je n'ai évidemment pas retrouvé d'inventaire après décès ou de déclaration de succession me permettant d'imaginer le quotidien de Rosa Lanfranca. Néanmoins, il y a bien un objet qu'elle possédait et qui a traversé les décennies jusqu'à rejoindre le mobilier de la maison de ma mère : sa machine à coudre !



La machine à coudre Singer de Rosa Lanfranca - photo de 2022.

 
Grâce à son numéro de série et au site officiel de Singer, nous avons pu dater cette machine, qui fonctionne toujours, de l'année 1910. Rosa avait donc au moins 40 ans quand elle l'a reçue. Je l'imagine alors rafistoler tous les vêtements de sa famille et pourquoi pas de son voisinage proche. A son décès, c'est ma grand-mère qui l'a récupérée puis emmenée en France par bateau, comme en atteste le certificat de changement de résidence de mes grands-parents que nous avons conservé.



Extrait de l'inventaire joint au certificat de changement de résidence de mes grands-parents établi en 1957 à Saint-Germain, aujourd'hui Ez Zahra (Tunisie) - Archive familiale



Cette machine à coudre a rejoint la maison de ma mère en 1998.



29. Sa succession

 
J'ignore tout de sa succession, n'ayant aucun document de cet ordre. Comme elle est décédée avant son époux, Calogero, le peu de biens qu'elle pouvait posséder ont dû rester dans la maison familiale. Je sais en revanche, par transmission orale, qu'après le décès de Calogero, sa succession a permis à ma grand-mère de faire construire une petite maison à Saint-Germain - aujourd'hui Ez Zahra - dans la banlieue de Tunis, dans la rue Pasteur, lieu qui existe toujours aujourd'hui. Pas la maison, cependant.
 
 
 

30. Sa sépulture

 
Rares sont les cimetières catholiques qui existent toujours en Tunisie depuis la fin du protectorat. On ignore où ont été enterrés Rosa et son époux Calogero. Néanmoins, ma mère se souvient leur avoir rendu visite avant de quitter la Tunisie en 1957 mais elle n'avait que 12 ans. Elle se remémore uniquement le tas de terre surmonté d'une croix en bois. Inutile aujourd'hui d'espérer retrouver cette tombe mais j'espère au moins retrouver son emplacement un jour. 
On notera tout de même qu'il existe toujours à ce jour un ancien cimetière privé protestant à Aïn-el-Asker (abandonné) mais y enterrait-on les catholiques ? Cela m'étonnerait.
 
 
 
 
Unique photo retrouvée sur Google Maps du cimetière protestant abandonné de Aïn-el-Asker

4 commentaires:

  1. Romain - Mes Ancêtres, et moi9 juin 2022 à 21:37

    C'est très intéressant de découvrir la vie de cette ancêtre qui demeure assez proche de notre époque et qui a vécu sur le littoral méditerranéen !
    Bravo de s'être investi dans ce challenge

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  2. Je suis admirative de tous les renseignements trouvés malgré les difficultés de recherches à l'étranger. Bravo.

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