Qu'est-ce que des entrelacs ? Le Larousse donne une définition simple : « ensemble de choses entrelacées; entrelacement. » En ferronnerie, on en voit souvent des exemples, de ces tiges entrelacées constituant un garde-corps, une clôture ou une simple barrière. Mais qu'est ce que ce mot vient faire en généalogie, me demanderez-vous ?
Lorsque j'ai enfin retrouvé l'acte de décès de mon AAGP Paul Victor BOUSSE (Pont-à-Mousson 1857 - Meaux 1935) après plusieurs années de recherches et plus de cent tables de successions et absences, entre autres, je pensais avoir refermé le livre de son histoire avant de passer à une autre recherche. Que nenni.
En lisant cet acte, j'ai fait tout le contraire. J'ai ouvert une armoire remplie de tiroirs eux-mêmes constitués de milliards de compartiments. L'exagération du nombre sert simplement à souligner comment j'ai découvert que quatre familles étaient mêlées les unes aux autres de bien des façons. Des destins entrelacés.
Je vais donc vous décrire comment les familles BOUSSE, FOURNILLON, VINCENT et WALPOEL ont évolué à travers leur temps. Je vais leur attribuer à chacune une couleur pour rendre le récit comestible. Je ne vais de toutes façon pas être exhaustif et ne garder que les éléments qui ont une utilité commune à ces familles.
La famille BOUSSE
- Paul Victor BOUSSE (fils), mon AGP, sosa 18 de mes filles, est né en 1888 à Reims. Il vivra avec ses parents à Reims puis à Neufchâtel-sur-Aisne (02) puis sera domicilié au Perreux-sur-Marne (Seine, actuel Val-de-Marne) au moment de son service militaire. Peu après son premier mariage, il part au front de la Grande Guerre et sera fait prisonnier en Allemagne. Il en revient, divorce de mon AGM et s'installe entre Livry-Gargan et Les-Pavillons-sous-Bois (actuelle Seine-Saint-Denis). Il se remarie en 1920 avec Louise BOBAN dans cette dernière commune. Parmi les témoins, on trouve une certaine Virginie HARDY (Maubeuge 1846 - Nanteuil-lès-Meaux 1931) veuve VINCENT. Le couple aura une fille, Yvonne, qui n'est pas impliquée dans ce billet.
La famille FOURNILLON
- Adolphe FOURNILLON (Paris 1878 - Livry-Gargan 1965), parmi les témoins à la déclaration de la naissance, il y a un certain Gorgon VINCENT. On y reviendra. Après quelques années de vie commune sans mariage et un enfant mort en bas âge avec Louise LOIGEROT (1883-1908), il épouse en 1910 Marie Emile VINCENT (Paris 1869 - Les-Pavillons-sous-Bois 1917), la fille de Gorgon et Virginie HARDY, aux Pavillons-sois-Bois. Parmi les témoins, il y a une nommée Eugénie WALPOEL. Ils auront ensemble une fille, Marguerite (Paris 1911 - Livry-Gargan 1997). Il existe une biographie d'Adolphe sur le Maitron.
- Germaine FOURNILLON (Noisy-le-Sec 1881 - ?) qui épouse en 1902 à Livry-Gargan, Jean Alexandre BALMOUSSIERE (Paris 1879 - Moussy-Verneuil 1915). On retrouve parmi les témoins Adolphe FOURNILLON, Gorgon VINCENT et Marie Emilie VINCENT.
- Amélie FOURNILLON (Noisy-le-Sec 1886 - Nice 1970), célibataire, dont le sort ne nous intéresse pas ici (désolé pour elle).
La famille VINCENT
- Marie Héloïse Rosa (Paris 1860 - id. 1947) qui sera élevée à Varennes par ses grands-parents maternels et n'entendra plus jamais parler de son père ;
- Léonie, Marie, Amélia (Paris 1862 - Nomeny 1943) qui, contrairement à sa soeur, restera avec son père qui sera présent à son mariage avec Joseph FISCHER en 1886. Le couple vivra à Asnières-sur-Seine puis à Malakoff. Léonie s'éteindra à Nomeny, fief de ses grands-parents paternels, décédés avant sa naissance.
- Marie Emilie, l'épouse d'Adolphe FOURNILLON, en 1869. Elle vivra chez ses parents au moins jusqu'en 1902. On la retrouve en 1910 aux Pavillons-sous-Bois avec sa mère seulement quand elle épouse ledit Adolphe. Elle y expire pour la dernière fois en 1917 à seulement 47 ans ;
- Victor Léon, né à Paris en 1870 mais décédé la même année à Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir), en nourrice ;
- Clémence Virginie, née à Paris en 1872, y décédée en 1896 sans postérité. On notera la référence à la première compagne de Gorgon dans ses prénoms ;
- Clotilde, née à Paris en 1874 et décédée en 1881 à l'âge de 7 ans.
La famille WALPOEL
- Eugénie Louise WALPOEL, née à Paris en 1868 de père inconnu. Elle ne sera reconnue que très tardivement par sa mère, en 1892, sans doute pour qu'elle puisse se marier. Sur l'acte de reconnaissance à Paris, on retrouve Gorgon VINCENT !
Acte de reconnaissance d'Eugénie Louise WALPOEL par sa mère - Paris 20e 1892 - AD75 |
- Eugénie se marie ensuite à Nanteuil-lès-Meaux avec Louis Théodore BLUTEL (Nanteuil-lès-Meaux 1857 - id. 1893) dont elle deviendra veuve seulement sept mois plus tard. Leur fille Rose Ernestine Clotilde BLUTEL naîtra après le décès de son père. Elle-même se mariera à trois reprises sans avoir d'enfants :
- 1911, Nanteuil-lès-Meaux, avec Maurice Eugène REGNIER (1888-1936), divorcés. Parmi les témoins du mariage, on retrouve... Adolphe FOURNILLON, alors le gendre de Gorgon VNCENT !
- 1928, Nanteuil-lès-Meaux, avec Henri Benjamin BRAULT (1887-?), divorcés ;
- 1938, Saint-Martin-sur-le-Pré (Marne), avec Paul René LAUNE (Péroy-les-Gombries 1904 - Meaux 1977). Sur l'acte de ce mariage, Eugénie WALPOEL est indiquée comme domiciliée à Sombernon en Côte d'Or. Je perds sa trace ensuite.
- Louise Eugénie WALPOEL (quelle originalité !), née aussi à Paris en 1872 mais décédée en nourrice à Beugneux (Aisne) en 1873.
Représentation graphique
Arbre de descendance élaboré sous Heredis puis retouché sous Gimp - cliquez pour agrandir |
Diagramme élaboré avec app.diagrams.net - cliquez pour agrandir |
Les questions qu'on est en droit de se poser
- Gorgon VINCENT est témoin de la reconnaissance d'Eugénie WALPOEL ;
- Eugénie WALPOEL est témoin du mariage de Marie Emilie VINCENT et Adolphe FOURNILLON ;
- Adolphe FOURNILLON est témoin du mariage de Rose BLUTEL et Maurice REGNIER ;
- Virginie HARDY, veuve, se retrouve à habiter avec Eugénie WALPOEL et Rose BLUTEL plutôt qu'avec son gendre et sa petite-fille, Adolphe et Marguerite FOURNILLON.
- Gorgon VINCENT est témoin de la déclaration de naissance de son futur gendre, Adolphe FOURNILLON, en 1878 ;
- Gorgon et sa fille Marie Emilie sont également témoins du mariage en 1902 de Germaine FOURNILLON, sœur d'Adolphe, alors qu'ils n'ont pas encore de liens d'affinité, Adolphe et Marie Emilie ne s'étant mariés que 8 ans plus tard.
- En 1933, lors de la déclaration de succession d'Adeline GODOT, son mari Paul Victor BOUSSE (père) vivait encore chez son fils aux Pavillons-sous-Bois, ce dernier étant décédé à l'Hôpital Tenon (Paris 20e) en 1942 ;
- En 1935, il vivait dans le même hameau de Nanteuil-lès-Meaux, qu'Eugénie WALPOEL et sa fille Rose BLUTEL mais également dans cette même commune où l'épouse de son cousin Gorgon VINCENT a fini ses jours.