mercredi 26 mai 2021

#Geneathème : Alexandre Godot, le fossoyeur

Cet article est écrit dans le cadre des « généathèmes », relancés par l'association Geneatech, ce mois-ci, les remariages.




Alexandre Godot, sosa 74 de mes filles, était tisseur mais il aurait malheureusement pu être fossoyeur, nous allons voir pourquoi. Sa vie, triste comme tant d'autres, mérite en effet d'être racontée.


Naissance et famille


Alexandre est né en 1834 à Bazancourt, dans la Marne. 9e enfant d'une fratrie de 12, il était plutôt d'origine ardennaise puisque son père, Charles, était d'Ambly-Fleury et sa mère, Marie Poncette Baudouin venait de La Neuville-en-Tourne-à-Fuy, commune ou le couple s'est d'ailleurs marié. Des 12 enfants qu'ils auront eus entre 1823 et 1840, 8 ont pu parvenir à l'âge adulte ce qui est plutôt bien pour l'époque. Alexandre n'aura d'ailleurs pas eu le malheur de voir mourir les 4 autres en bas âge car il est arrivé après. Malheureusement, la suite est plus cruelle.


Retour dans les Ardennes et premier mariage


La famille retourne vivre à Rethel, dans les Ardennes, à une date qui m'est inconnue mais sûrement après 1843, année du décès de Charles Godot, à Reims, âgé de seulement 41 ans. 
Alexandre se marie en 1856 non loin de Rethel, à Neuflize, avec Françoise Séraphine Sauvage (sœur de Jean-Marie Séraphin), une locale. Sont présents au mariage la mère du futur, le père de la future ainsi que deux frères et un beau-frère d'Alexandre. Alexandre et Françoise auront :
Le couple n'aura pas d'autre enfant et le malheur viendra une nouvelle fois frapper Alexandre : Françoise Séraphine meurt en 1863 à Rethel à l'âge de seulement 29 ans.


Second mariage


Voilà donc Alexandre, déjà veuf, avec deux jeunes enfants à élever. Il ne tarde donc pas à se remarier, en 1864, à Rethel cette fois, avec Clotilde Thonnellier, de 9 ans sa cadette. Une partie de la famille d'Alexandre est également présente à ce mariage : sa mère, un frère et un beau-frère. Clotilde donnera deux enfants à Alexandre :
  • Désiré (1865-1866) ;
  • Eugène (1866-1866).
Puis en octobre 1866, c'est la tragédie : Clotilde et Désiré meurent tous les deux le 3 octobre puis Eugène le 11. Alexandre se retrouve de nouveau tout seul avec ses premiers enfants et endeuillé par ses 3 pertes successives. Qu'a-t-il bien pu leur arriver ? La maladie très probablement. Par chance, elle n'a dû toucher ni Alexandre, ni Adeline, ni Jean-Baptiste.


Troisième mariage ?


L'année suivante, Alexandre, resté à Rethel, rencontre Eugénie Raymond, native de Launois-sur-Vence en 1843. Ils doivent se marier : les bans sont proclamés les 10 et 17 février 1867. Pourtant, aucune trace du mariage ! Après moult recherches, je comprends qu'il n'a jamais eu lieu. Eugénie Raymond finira par se marier à Reims avec Jean-Baptiste Stÿnen en 1873. Elle expirera pour la dernière fois en 1891, âgée de seulement 47 ans.


Traversée du désert


Alexandre, resté donc veuf, disparaît des Ardennes. Je ne le retrouve qu'en 1870 à Reims où il est une nouvelle fois frappé par le malheur : son fils Jean-Baptiste, cité plus haut, est terrassé par la maladie alors qu'il était à peine entré dans l'adolescence. Mais cela ne s'arrête pas, son frère Eugène Napoléon, avec qui il vivait cette année-là à Reims sera victime quelques mois plus tard de la guerre de 1870. Alors soldat au 125e régiment de ligne, il trouvera la mort à Paris, dans une ambulance.
Puis je perds la trace d'Alexandre une bonne dizaine d'années. Même sa fille, unique survivante de ses enfants, n'habite pas avec lui : dans les recensements rémois de 1872 et 1876, je la retrouve chez une tante maternelle, sans doute parce qu'Alexandre ne pouvait pas subvenir à ses besoins.


Vrai troisième mariage


Finalement c'est bien à Reims que je le retrouve, en 1880, où il se marie une troisième fois avec Angélique Anceaux, une Ardennaise de Faissault. Il a 46 ans et elle 34. Sa mère est toujours présente mais mourra octogénaire l'année suivante, à Neuflize. Son frère Athanase est également témoin tout comme à ses deux premiers mariages. C'est d'ailleurs en cette même année que sa fille Adeline se marie avec Paul Victor Bousse. 1880, voilà enfin une année heureuse où père et fille se marient en même temps (à deux mois d'écart, cela dit). 
Mais vous vous en doutez, cette joie ne durera pas ! Angélique donnera bien quatre enfants à Alexandre :
  • Jean-Baptiste Adolphe (1881-1887)
  • Athanase Emile (1883-1884)
  • Adélina Emilienne (1885-1885)
  • Désiré Emile (1886-1886)
Comme on l'aperçoit par les dates, tous les quatre auront un destin précocement funèbre. Et ce n'est pas tout : Alexandre survit à sa dernière épouse qui décède en 1901 à Reims. Et sans compter ses frères et sœurs partis avant lui...



Evènements d'Alexandre (en bleu) et sa famille entre Rethel et Reims
(OpenStreetMap via Heredis)


Décès


Finalement, Alexandre s'éteindra en 1904 à l'Hôtel-Dieu de Reims à l'âge de 70 ans, 70 ans d'une vie de labeur et de tristesse. La vie ne tient qu'à un fil : il aura « enterré » toutes ses épouses et tous ses enfants à l'exception de son aînée Adeline sans qui je ne serais pas là à coucher ces lignes.

Aujourd'hui, du fait du peu de survivants de cette branche, il n'existe que peu de descendants vivants. En effet :
  • Alexandre Godot n'a eu qu'une fille survivante, Adeline ;
  • Adeline n'a vu qu'un garçon atteindre l'âge adulte, Paul Victor, mon AGP ;
  • Ce dernier n'aura eu que deux filles dont ma grand-mère que j'ai cru fille unique jusqu'en 2016 ; 
  • Mon père était fils unique ainsi que son demi-cousin germain ;
  • Nous voilà donc mon frère et moi, notre cousine issue de germains (qui ne nous connaît pas) et mes filles, seuls descendants d'Alexandre.

Qui d'autre pour garder sa mémoire ?