samedi 17 avril 2021

#RDVAncestral : Calogero, un jour au mauvais endroit

Je suis encore là à perdre mon temps à suivre des pistes sans issue pour tenter de trouver mon lien de parenté avec cette mystérieuse correspondance trouvée sur MyHeritage. Après plusieurs heures et jours cumulés ainsi que deux articles sur le blog, je piétine. Il serait peut-être temps de faire une pause et de reprendre le cours des autres projets plus importants à mes yeux. Assez de dispersion ! Et que je suis las ! Une petite sieste me ferait du bien... 


Mais voilà qu'à peine assoupi, je sens une main me presser l'épaule. Je me retourne alors pensant me trouver face à ma compagne mais il n'en est rien. C'est un vieux monsieur dégarni et bien pauvrement habillé qui se tient devant moi.


- Salve ! Allora ? Comment as-tu pu douter de moi ?
- Comment ? Mais qui êtes-vous ? Que faites-vous ?
- Tu sais très bien qui je suis, tu n'avais pas prévu de faire un RDV ancestral, eh bien me voilà quand même. Il fallait bien que je passe te voir, qu'on ait une petite discussion !


Cet homme... Mais oui, je le reconnais, c'est le grand-père maternel de ma mère, Calogero Perna. Sicilien de naissance, il a vécu la majeure partie de sa vie en Tunisie, pensant comme tant d'autres  y trouver une vie meilleure.


Seule photo que j'ai de Calogero Perna




- Comment cela, j'ai douté de vous ?
- Ascolta ! Tu m'as prêté une relation avec une allemande, cela ne te dit rien ?

Bien sûr... Dans mon premier article sur ma recherche ADN, j'avais supposé une probable relation entre lui et une française née allemande, en 1916, en marge de la bataille de Verdun où mon AGP était enrôlé aux côtés de l'armée française.

- Oui, oui, OK mais j'ai vite écarté cette possibilité.
- Certes mais le fait même d'y avoir songé m'a fait beaucoup de peine, tu sais ? Je suis né en 1876 à Camporeale, je me suis marié en 1896 et ai eu deux enfants dont ta grand-mère, à Tunis, bien avant la Grande Guerre. J'avais déjà 40 ans quand je suis parti pour cette horrible bataille. Qu'aurais-je bien pu faire avec une enfant de 17 ans, dis moi ?
- Euh, désolé de vous dire ça mais c'était la guerre... Elle était loin d'être toute rose cette époque, vous le savez mieux que moi. 
- Il suffit. J'ai été fidèle avec Rosa jusqu'à la fin de nos jours, è chiaro ?
- Très bien, oui, d'accord, je vous demande pardon mon cher ancêtre.

Pas commode, mon Sicilien de Tunisie, on va tenter d'apaiser les choses, ce n'est pas de très bonne augure que de se fâcher avec les anciens.

- Je suis désolé, j'ai pensé à vous car vous étiez à Verdun et parce qu'Elise D. est née justement cette année-là et que... Un jour au mauvais endroit, quoi. Bref, vous avez dû vous arrêter à la partie 1 de mon article car par la suite j'ai mis fin à toutes mes allégations !
- Trop tard, jeune homme, il fallait mieux réfléchir. Je vais vous laisser à présent. 

Alors qu'il s'apprête à disparaitre à tout jamais, je tente de le retenir un instant :

- Attendez, puis-je au moins vous donner un conseil ?
- Che cosa ?
- Allez-y mollo avec la teinture d'iode*...
- Cio che è fatto... lâche-t-il alors en souriant avant de s'évanouir.



* Pour soigner une vilaine toux, Calogero Perna mettait de la teinture d'iode sur un sucre avant de l'avaler. Malheureusement, il était devenu aveugle avec l'âge et un jour il ne s'est pas rendu compte du surdosage qui lui a été fatal.



samedi 3 avril 2021

#Généathème : Si Jeanne avait vécu

En ce mois d'avril 2021, Geneatech reprend les Généathèmes lancés initialement par Sophie de la Gazette des Ancêtres

Cette fois-ci le nouveau thème porte sur les naissances multiples.




Ce thème tombe à point nommé pour moi qui suis père de deux jeunes vraies jumelles - on dit homozygotes - âgées de deux ans. D'ailleurs à la naissance de ces dernières, mon entourage peu au fait de ma généalogie s'est empressé de me poser la sempiternelle question : « mais il y a déjà eu des jumeaux dans ta famille ? »


Alors, oui. Dans mon arbre, il y a 118 paires de jumeaux mais pas de triplés et plus, en tout cas à ce jour. Parmi celles-ci, il y a en 10 dans nos sosa : 6 de mon côté et 4 de celui de Madame, à des générations plus ou moins lointaines. Il ne faut donc pas y voir - à mon avis - une quelque hérédité génétique mais passons, ce n'est pas le sujet ici.

Je ne vais dresser pas un portrait exhaustif de chacun d'eux mais plutôt vous parler de ma paire de jumeaux la plus proche dans le temps. Il s'agit de mon arrière-grand-père Joseph Bourdin-Grimaud et de sa sœur Jeanne.


Une bien courte vie


Mon arrière-grand-père, né à Pantin en 1881 et décédé en 1927 à Paris, a eu une courte vie mais celle de Jeanne fut bien plus courte encore. 
En effet, née le 20 novembre 1881 juste après Joseph, elle s'éteint à peine deux mois plus tard, le 14 janvier 1882, rejoignant ainsi ses deux premiers frères, décédés en bas âge également, et laissant Joseph tout seul avec ses parents. Victor naîtra en 1883.



Acte de décès de Jeanne Bourdin-Grimaud - AD93 Pantin


Et si elle avait vécu ?


Comme pour tant d'autres enfants décédés en bas âge, je ne peux m'empêcher de me demander ce qu'aurait été sa vie si elle avait atteint l'âge adulte. Le destin de la fratrie aurait-il été différent ? Son père serait-il quand même décédé dix plus tard d'une cirrhose ? Aurait-elle été elle aussi placée à l'Assistance Publique comme ses deux frères ? Se serait-elle mariée ? Des enfants ? Etc., etc., et cetera desunt.
Impossible de le savoir, on ne peut que se l'imaginer, établir des histoires, des uchronies. En revanche, aujourd'hui, il existe certaines technologies plus ou moins fantaisistes qui permettent de former un visage à partir d'un signalement ou bien de féminiser un portrait masculin.
Je me suis donc « amusé » avec une application mobile nommée FaceApp. En partant d'une photographie de Joseph, un algorithme - appelée abusivement IA pour Intelligence Artificielle - en a dressé un portrait féminisé. On rajoute un sourire factice et le tour est joué.



Joseph et peut-être Jeanne ? Qui sait ?



Bien qu'on devine aisément que ce portrait n'est pas celui d'une personne réelle, il donne tout de même une idée d'à quoi aurait pu ressembler mon arrière-grand-tante. 
Je n'irai pas plus loin dans ce test qui a un côté dérangeant à mon humble avis, tout comme cette fameuse application de MyHeritage qui a fait couler beaucoup d'encre. Je dois cependant avouer que découvrir ce visage m'a un chouia ému.

Et vous, qu'en pensez-vous ?