samedi 18 novembre 2023

La généalogie en musique : « Pictures of you »

En 2022, je n'avais eu ni le temps ni l'inspiration pour me lancer dans ce grand défi qu'est le ChallengeAZ mais pour cette année 2023, j'ai trouvé une idée grâce à @Stefieh37. En effet, pour son propre ChallengeAZ 2022, elle avait décidé de combiner sa passion du cinéma horrifique à celle de la généalogie et avec brio ! 

Alors, pour ma part, je vais vous faire découvrir une partie de mes goûts musicaux à travers 26 titres d'artistes divers et (a)variés, le tout avec un lien plus ou moins capillotracté avec la généalogie de mes filles.

Au tour de la lettre P !





The Cure est un groupe britannique qui n'est plus, je pense, à présenter tant il aura squatté les ondes durant une bonne partie des années 80 et 90 et encore un peu aujourd'hui. Emmenée par le charismatique Robert Smith, la bande de décoiffés a produit de fabuleux albums tels que « Disintegration » que j'ai découvert à sa sortie en 1989. J'avais neuf ans. Le titre « Lullaby » m'avait alors subjugué. Aujourd'hui, c'est « Pictures of you » que j'ai choisi pour la lettre P. Le facétieux Smith a raconté plusieurs histoires aux journalistes au sujet de cette chanson mais celle qui est généralement admise est qu'elle a été écrite après l'incendie de sa maison après lequel il a trouvé des photos de sa femme dans les décombres. Le morceau aurait donc été écrit en réponse à sa nostalgie.





Court extrait des paroles et traduction :


« I've been looking so long at these pictures of you / J'ai regardé ces photos de toi pendant si longtemps
That I almost believe that they're real / Que je suis au point de croire qu'elles sont réelles
I've been living so long with my pictures of you / J'ai vécu si longtemps avec mes photos de toi
That I almost believe that the pictures are all I can feel / Que je crois presque que les images sont tout ce que je peux ressentir »


Le lien avec ma généalogie


Alors je vous rassure, mon appartement n'a pas brûlé, ni l'habitation de qui que ce soit dans ma généalogie à ma connaissance - hormis la maison d'un AAGP qui s'est pris quelques bombinettes durant la Grande Guerre mais passons - mais de façon tout à fait inattendue, j'ai trouvé un très vieil album photo dans l'appartement de mon défunt beau-père. Il doit dater de la fin du XIXe siècle ou du début du XXe et était tout à fait inconnu de ses enfants. Les photos se trouvant à l'intérieur datent d'entre les années 1870 et les années 1920 et comme certains le savent j'adore les enquêtes photos. C'est donc avec joie que je me suis lancé dans l'identification des personnes figurant dans chacune d'entre elles. En voici quelques unes.


La couverture


L'origine de cet album n'a pas été difficile à déterminer. En effet, sur la couverture, on trouve les initiales « T.D.». T comme Tamiatto, le nom de ma belle-mère, et D comme Daisay, sa grand-mère. Cet album appartenait donc à ses grands-parents Joseph Antoine Tamiatto (Confort 1862 - Nevers 1918) et Marie-Louise Daisay (Chambéry 1872 - id. 1950). Je me suis donc basé sur leurs familles respectives pour identifier les photos, certaines étant déjà identifiées du fait de l'existence de doublons dans nos archives familiales.



Les initiales « T.D.» comme Tamiatto-Daisay



Quelques photos faciles


1. Ce qu'il y a de bien avec les militaires, c'est que dès lors qu'on identifie le lieu, l'uniforme et le régiment, il suffit de vérifier les registres matricules des ancêtres et collatéraux qu'on a en sa possession. Par ailleurs, quand le nom du photographe apparait, cela nous permet de dater approximativement le cliché : Pierre Vuillot a exercé entre 1872 et 1900.





J'avais déjà une idée à la base de l'identité du monsieur car premièrement, il figure en première page de l'album, ensuite la photo a été prise à Chambéry, et enfin ce visage m'était familier. Je me suis ensuite focalisé sur l'uniforme : après un peu d'aide (merci Tenue31) j'ai eu confirmation que c'est un régiment territorial d'artillerie, le numéro 14 précisément, comme il clairement visible sur le collet. Ces informations en poche, le doute n'était plus permis : il s'agit de Jules Daisay, notre fameux ancêtre peintre, sosa 58 de mes filles.


2. La photo suivante aurait pu donner plus de fil à retordre car il n'y a aucune indication du photographe, de l'année ou du lieu sur le recto. En revanche au verso, il y a le nom d'une ville : Brunoy en Seine-et-Oise, actuellement dans l'Essonne :





Trêve de suspens, je ne connais qu'un couple qui a vécu à Brunoy : Jeanne-Marguerite Daisay (Chambéry 1870 - id. 1946), fille de Jules, et son époux - et cousin germain - Pierre Emile Daisay (Paris 1871 - Neuilly-Plaisance 1930), ici avec leurs deux premiers enfants Jean Emile Louis (Brunoy 1896 - Etampes 1939) et Marcelle Eliane Lucie Juliette (Brunoy 1899 - Les Marches 1986), la troisième et dernière étant née à Paris en 1903. D'autres photos de cette famille sont présentes dans l'album ce qui permet de rapidement les classer et de passer à d'autres.


3. Dernier exemple de cas facile. Une photo prise à Marseille d'un jeune homme qui semble faire partie de la marine. Le photographe s'appelait Gustave Ouvière, né dans ladite ville en 1862 et qui a commencé son activité en 1889 :





Même chose ici, un seul collatéral de la famille Tamiatto-Daisay a fait un passage à Marseille où il a fait une partie de sa carrière : François Anthelme Alfred Tamiatto (Confort 1867 - Lompnes 1917), frère de Joseph Antoine, précédemment cité. Il a débuté comme simple matelot de 3e classe et a terminé capitaine au long cours et inspecteur maritime. Bien que marié, il est décédé sans postérité dans un sanatorium aindinois suite à une maladie contractée durant la guerre.


Un cas plus difficile


Voici la photo d'un autre soldat. Elle est de mauvaise qualité ce qui ne rend pas son analyse aisée. 






Pour commencer, parlons du photographe, Humbert Perla. D'après mes recherches, il est décédé à Chambéry en 1892 et ensuite sa veuve a repris son activité durant 20 ans. Cependant la photo date bien avant le décès du photographe car au dos de celle-ci figure bien le nom H. Perla et non « Veuve Perla » comme il était courant de voir quand les femmes de photographes reprenaient le studio.
Ensuite, le casque du soldat m'a permis, avec de l'aide, de déterminer qu'il s'agit d'un cavalier d'un régiment de Dragons, ce qui tombe bien car le 4e régiment était caserné à Chambéry à partir de 1880. Par ailleurs, pour confirmer la datation de la photo, le soldat porte un type de tunique qui aurait été abandonnée en 1884. A partir de là, il m'a suffit de recenser les membres masculins de la famille élargie Daisay qui ont fait partie d'un tel régiment. Il s'en est trouvé deux :
  • Marie Théodore Gustave Midoz (Magny-Vernois 1863 - ap. 1929), époux de Marie Elise Daisay (Lille 1868 - ap. 1929) cette dernière étant une petite cousine de Jules Daisay. Le couple s'est uni à Bourges en 1887.
  • Gustave Emile Savoyen (Paris 1860 - Chambéry 1893), fils de Coline Daisay (Chambéry 1839 - Paris 1929), elle-même sœur de Jules Daisay. Gustave est resté célibataire.

Verdict ? Assez difficile : les deux ont été militaires de carrière, se sont engagés à Paris, le premier en 1881, le second en 1880 et ont vécu à Chambéry, le second y étant décédé prématurément. Ce qui me permet de tendre vers Gustave Savoyen est sa proximité familiale avec les possesseurs originels de l'album mais aussi le fait que sa propre mère figure sur la même page dudit album. 


Deux cas tordus


Pour finir, voici deux dames qui m'ont donné du fil à retordre et dont la conclusion m'est parvenue grâce à un rejaillissement mémoriel. J'avais retourné toute la branche des Tamiatto-Daisay pour découvrir leur identité mais en vain, pas le moindre indice à part des dates approximatives et un lieu. Puis à force de regarder leur visage, une étincelle a fini par illuminer mon esprit ! Mais, oui, Jules Daisay a peint leur portrait ! Ces derniers sont d'ailleurs consultables sur la base Joconde du Ministère de la Culture.


Voici donc Mme Perray :





Et Mme Jamot !





Et il m'en reste encore beaucoup d'autres à identifier...



En bonus, du même groupe :




2 commentaires:

  1. J'aime bien le concept du rejaillissement mémoriel ! Ou de la chance d'avoir affaire à un peintre, je suis un peu jalouse...

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  2. Ça faisait bien longtemps que je n’avais pas entendu le groupe de Robert ! Merci pour le cheminement de tes enquêtes photos, je suis fan 🤗 Ça donne des idées pour (tenter d’) identifier les inconnus qui dorment sagement ici, dans le même type d’album où tu as fait cette heureuse découverte. Est-ce que j’arriverai à percer l’identité de 26 d’entre eux ??

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