jeudi 9 novembre 2023

La généalogie en musique : « House of the Ancestors »

En 2022, je n'avais eu ni le temps ni l'inspiration pour me lancer dans ce grand défi qu'est le ChallengeAZ mais pour cette année 2023, j'ai trouvé une idée grâce à @Stefieh37. En effet, pour son propre ChallengeAZ 2022, elle avait décidé de combiner sa passion du cinéma horrifique à celle de la généalogie et avec brio ! 

Alors, pour ma part, je vais vous faire découvrir une partie de mes goûts musicaux à travers 26 titres d'artistes divers et (a)variés, le tout avec un lien plus ou moins capillotracté avec la généalogie de mes filles.

On poursuit avec la lettre H !





Afro Celt Sound System est un groupe britannique avec en son sein de nombreux musiciens du Royaume-Uni (notamment l'Irlande) et d'Afrique (Guinée, Kenya). Il combine de la musique moderne avec des influences celtiques et africaines traditionnelles. Derrière la production de leurs albums se cache le label Real World de Peter Gabriel. House of the Ancestors est issu de leur premier album (Sound Magic) et je ne sais pas s'il faut l'interpréter au sens littéral, maison des ancêtres, ou au sens figuré, berceau de l'humanité, en évoquant l'Afrique bien entendu. Certaines paroles sont peu audibles et semblent être dans une langue africaine. Celles que je comprends sont en anglais et plutôt simples donc il ne m'apparaît pas nécessaire de les traduire :


« My mother,
My Father,
My Sister,
And you my brother » 






Le lien avec ma généalogie


Et bien je vais vous décrire l'histoire d'une maison où ont vécu de nombreux ancêtres et collatéraux de mes filles et où résident actuellement ma belle-sœur et son compagnon. Je l'ai déjà évoquée dans certains de mes articles et vidéos mais pas vraiment en détail. Il s'agit d'un mas situé au cœur des hautes Cévennes, dans le Gard, non loin de la Lozère, entre deux anciennes petites communes minières : Le Chambon et la Vernarède.




Lieu paisible qui ne demande qu'à le rester...


La naissance du mas


La maison actuelle a vu le jour en 1881, selon le cadastre, au Chambon, ancien hameau de Sénéchas devenue commune en 1839. Le propriétaire d'alors était François Reboul (Le Chambon 1808 - id. dans le mas 1887) veuf de Rose Argenson (Le Chambon 1809 - id. 1849), sosas 122 et 123 de mes filles. En 1873, une partie des terres avait déjà été vendue à leur fille Amélie Léonie Reboul (Le Chambon 1847 - id. dans le mas 1904) épouse de Eugène Félix Marcelin Conort, sosas 61 et 60. En 1882, François Reboul vit donc avec sa fille, son gendre et certains de ses petits-enfants. Le couple Conort x Reboul a eu en effet 11 enfants :
  1. Amélie Eugénie (Le Chambon 1865 - id. dans le mas 1947), directrice d'école, célibataire ;
  2. Léonie Marie (Le Chambon 1867 - Salon-de-Provence 1946), domestique puis cuisinière, épouse de Louis Auguste Bouscarel (Chamborigaud 1871- Cavaillon 1930) ;
  3. Mathilde Léontine (Le Chambon 1870 - Lansargues 1933), domestique, épouse de Estevan Serra (Palau-Sator 1872 - Lansargues 1938) ;
  4. Eugène Alfrede (Le Chambon 1872 - Alès 1940), employé au P.L.M, ancêtre de mes filles, époux de Emma Bernusson (La Vernarède 1879 - Châtillon-sur-Seine 1969) ;
  5. Alphonse Emilien (Le Chambon 1874 - La Vernarède 1953), menuisier, époux de Rosalie Puech (Luc 1865 - Saint-Laurent-les-Bains 1917) ;
  6. Marie Célestine (Le Chambon 1876 - Salon-de-Provence 1964), épouse de Denis Pontet (Alès 1871 - Salon-de-Provence 1961) ;
  7. Emile Léopold (Le Chambon 1878 - id. dans le mas 1889), décédé à 11 ans ;
  8. Augustine Henriette (Le Chambon 1880 - Orange 1961), garde-barrière au P.L.M., épouse de Henri Fabrègue (Le Chambon 1880 - Lyon 1945) ;
  9. Célina Rose (Le Chambon 1882 - La Vernarède 1957), institutrice, célibataire ;
  10. Suzanne Marcelle (Le Chambon, dans le mas 1886 - Avignon 1960), sans profession, célibataire, a toujours vécu dans le mas jusqu'à sa vente en 1950 ;
  11. Clovis Eloi (Le Chambon, dans le mas 1888 - Lagarde 1914), mort pour la France, instituteur, époux de Marie-Louise Maurin (Viens 1893- Apt 1982) ;


Extrait des matrices cadastrales, la dernière ligne indique la maison construite sur la parcelle 296, « C.N.» tout à droite signifie « Construction Nouvelle » - Source AD du Gard



Après le décès de François Reboul, la propriété en revient pleinement à sa fille et son gendre :


Matrice de la parcelle 296 montrant le changement de propriétaire - Source AD Gard



Les habitants du mas


Plusieurs générations de la famille Reboul x Conort ont vécu dans le mas cévenol dont la parcelle se nommait l'Usclade (Lasclade sur certains documents), le mot usclade venant de l'occitan et signifiant « Terre brûlée ». Sur le cadastre d'aujourd'hui, il semble que ce nom a disparu et désormais la maison fait partie de la parcelle « Las Parets », sur la commune voisine de La Vernarède, fondée en 1870 sur une partie du Chambon et de la commune de Portes. Tout cela a semé la confusion au fil des temps car au niveau des recensements, le mas se trouve rattaché au hameau du Cornas dans la commune du Chambon alors que ledit hameau se trouve en contrebas et que le mas est en altitude et isolé de tout voisinage proche. Et pour enfoncer le clou dans la confusion, la maison se trouve dans le lieudit de Prentigarde.



Maison actuelle (source Geoportail) superposée au cadastre ancien (source AD Gard)



Voici la liste exhaustive des habitants du mas entre sa construction en 1881 et sa vente en 1950 :
  • François Reboul, cité plus haut ;
  • La famille Reboul x Conort, également déjà citée, pas tous en même temps, certains étant partis puis revenus une fois à la retraite ;
  • Jean Auguste Conort, frère de Félix Eugène Marcelin, dit Eugène - que nous appelons le patriarche - qui a rejoint la famille une fois qu'il s'est retrouvé veuf ;
  • Augustine Conort, fille d'Eugène, et son mari Henri Fabrègue, une fois jeunes mariés en 1906 ;
  • Les filles des précédents, Renée (1907-1995) et Alice (1915-1985), brièvement et séparément.

Pour bien suivre tout cela, je vous ai réalisé une petite vidéo chronologique de 1881 à 1946 grâce aux recensements issus des archives départementales du Gard :





Il va sans dire que les recensements à eux seuls ne suffisent pas pour avoir une réelle idée du nombre total de personnes, proches ou non des familles, qui y ont été de passage. Nous savons, par exemple, qu'Eugène Alfrede Conort y est retourné de nombreuses fois avec sa propre famille et pièces rapportées, dont son gendre Henri Tamiatto, qui a trouvé dans cette maison et son paysage de la bonne matière pour peindre ses toiles. 

La revente en 1950


Après le décès de l'aînée de la fratrie Conort, Eugénie, en 1947, il ne reste plus que trois résidents dans le mas : son frère Alphonse et ses sœurs Célina et Marcelle. En 1950, alors respectivement âgés de 76, 68 et 64 ans et ne pouvant sans doute plus s'occuper de la propriété de deux hectares, ils décident de vendre le mas avec l'accord des autres membres de la fratrie encore vivants mais résidant ailleurs. Les acquéreurs sont des mineurs algériens - la région était très minière - Mahmoud Ben Messaoud (1916-?) et Macen Oussaid (1916-?) et, selon la transmission orale, ont bien entretenu les lieux. Ils ont ensuite revendu à une famille locale d'origine espagnole, José Muñoz (1903-?) et Agueda Perez (1903-?), qui, eux, ont laissé la bâtisse péricliter.



Extrait de la transcription hypothécaire de l'acte de vente de la propriété, la famille venderesse était si nombreuse qu'il a fallu 2 feuillet pour la décrire - source AD Gard



Retour dans la famille et renaissance


Au début des années 60, le mas est de nouveau à vendre et cette information a fini par tomber dans les oreilles d'une descendante de la famille Conort x Reboul. Cette personne, qui n'est autre que ma défunte belle-mère, Françoise Tamiatto (Alès 1937 - id. 2008) fille d'Henri, précédemment cité, et de Marthe Augusta Conort (Nîmes 1907 - id. 2006), elle-même fille d'Eugène Alfrede, forte de ses souvenirs d'enfance et de son amour pour la campagne cévenole, s'est empressée de l'acquérir en 1964 avec son époux Paul Fabre, qui nous a quitté cette année. Ils ont alors entrepris de rénover la demeure et de la faire revivre, avec tant de succès ; bien qu'elle soit devenue alors une résidence secondaire, elle a été et est toujours ce lieu de retrouvailles, de joie, de peine et de fête. Un coin paradisiaque loin du tumulte urbain où le premier voisin est à dix minutes à pied si on omet une certaine faune qui saccage parfois les pieds de tomates !



Ma belle-mère, professeure de français, avait écrit un conte de Noël centré sur la maison et les générations qui l'ont fait vivre, espérant sans doute qu'il se transmette aux générations futures. C'est chose faite.



En bonus, du même groupe et avec la regrettée Sinéad O'Connor (forcément, après avoir parlé des Conort...) :




3 commentaires:

  1. j'ai bien étudié ta description, qui me servira de modèle pour une maison, merci. Dominique.

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  2. Il n’y a que mon cerveau qui se met en boucle sur Les lacs du Connemara après avoir lu la définition de l’Usclade ou ça arrive à d’autres ? 🙃 Très réussie cette généalogie de la maison dans laquelle on rêverait tous de se ressourcer !

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