lundi 20 novembre 2023

La généalogie en musique : « Roots bloody roots »

En 2022, je n'avais eu ni le temps ni l'inspiration pour me lancer dans ce grand défi qu'est le ChallengeAZ mais pour cette année 2023, j'ai trouvé une idée grâce à @Stefieh37. En effet, pour son propre ChallengeAZ 2022, elle avait décidé de combiner sa passion du cinéma horrifique à celle de la généalogie et avec brio ! 

Alors, pour ma part, je vais vous faire découvrir une partie de mes goûts musicaux à travers 26 titres d'artistes divers et (a)variés, le tout avec un lien plus ou moins capillotracté avec la généalogie de mes filles.

Au tour de la lettre R !





Bon alors, ce groupe et ce morceau, j'en avais déjà parlé dans mon tout premier article qui introduisait le blog, ici ! Je ne vais donc pas trop revenir dessus si ce n'est vous préciser que « roots bloody roots » est une musique aux accents tribaux dont les paroles se concentrent sur la préservation de la culture brésilienne et sur le contact avec ses racines.






Court extrait des paroles et traduction :


« I say we're growing every day / Je dis que nous grandissons chaque jour
Getting stronger in every way / Devenons plus forts dans tous les domaines
I'll take you to a place where we shall find our / Je t'emmènerai quelque part où nous trouverons nos
Roots / Racines »



Le lien avec ma généalogie


Comme je l'ai écrit dans mon à propos, ce morceau m'a inspiré pour trouver le nom de mon blog, la généalogie étant une histoire de racines (roots). Mais quand j'ai débuté ma généalogie, mon premier intérêt n'était pas de remonter le plus loin possible mais de découvrir si ma famille, c'est-à-dire mon père, mon frère et moi, était la seule vivante à porter notre patronyme. Et, il faut dire qu'avec un père fils unique, de père fils unique, de père... etc., c'était loin d'être gagné. L'interrogation était portée sur cette légende familiale qui prétendait que mon arrière-grand-père Joseph eût un frère jumeau. Le livret de famille de ses parents est venu jeter en pâture ladite légende. Joseph n'avait pas de frère jumeau mais une sœur jumelle décédée en bas âge. En revanche, il avait un frère cadet dont j'ai conté le lourd destin sur ce blog, Victor. Je vais donc vous raconter comment, en 2004, j'ai découvert et rencontré une de ses petites filles.


Pantin, berceau familial


Le livret de famille antédiluvien (1877 quand même !) m'indiquait que Joseph et Victor étaient nés à Pantin en Seine-Saint-Denis (Seine à l'époque). Habitant dans l'Essonne, étant au chômage et célibataire, j'avais donc tout le temps devant moi pour passer quelques heures à la mairie de ladite commune pour y faire moult demandes d'actes d'état civil ; on était bien évidemment loin des archives en ligne cette année-là ! 
L'acte de naissance de Victor, né en 1883, m'apprit d'abord qu'il s'était marié à Pantin en 1905 avec Marie Schibi (Pantin 1882 - id. 1930), puis à Vaires-sur-Marne (Seine-et-Marne) en 1928 avec Marthe Maria Doutey (Sommesous 1885 - Lagny-sur-Marne 1966). Retenez bien le nom de la commune du second mariage, on y reviendra plus tard.
Les agents municipaux de Pantin m'accueillirent particulièrement bien allèrent même plus loin car, sans que je leur demandasse, ils me recherchèrent les enfants éventuels du couple ! Comme la loi ramenant le délai de communicabilité à 75 ans pour les actes de naissance n'avait pas vu le jour, je n'eus le droit qu'à des extraits non filiatifs mais tout de même avec les mentions marginales, quoi que seulement la dernière pour chaque acte. Ainsi, j'obtins les informations suivantes :
  • René Victor, né en 1905 et marié en 1937 à Pantin avec Georgette Pauline Eugénie Moreigneaux ;
  • Henriette Jeanne, née en 1908 et décédée à Bobigny en 1971 ;
  • Les sept autres enfants soit décédés en bas âge soit sortis sans vie du sein de leur mère.
Bien que la première mention marginale de l'acte de naissance de René Victor ne me fut pas communiquée, la mairie m'en fit tout de même part en me délivrant un extrait de l'acte de son premier mariage, survenu en 1923 avec Marthe Constance Henriet.



Extrait d'acte de naissance de Henriette Bourdin-Grimaud délivrée par la mairie de Pantin le 01/07/2004



Découvert de Geopatronyme


Toutes ces informations en poche, il me fallait découvrir la génération suivante. Oui mais comment ? C'est le site Geopatronyme, récemment intégré à Filae, qui me permit d'avancer. Il suffisait de saisir un patronyme et le site affichait les statistiques de naissance par départements et localités des porteurs dudit patronyme sur 4 périodes s'étalant de 1891 à 1990. René Victor s'étant marié en 1923 pour la première fois, c'est donc à partir de cette date que ma recherche débuta.






La capture ci-dessus provient de Filae, je n'ai pas gardé de capture de l'ancien site. Cela m'indique qu'entre 1916 et 1940, il y a eu 4 naissances d'individus portant mon patronyme. Bien évidemment, cela ne donne pas les prénoms ni les dates exactes mais au moins les localités :
  • Saint-Agnin-sur-Bion dans l'Isère, je décidai de ne pas en tenir compte et j'appris plus d'une décennie plus qu'il s'agissait de cousines éloignées s'appelant en réalité Bourdin-Grimand.
  • Le Raincy dans l'actuelle Seine-Saint-Denis ;
  • Paris dans le 10e arrondissement.

Mais malgré cette nouvelle découverte, j'étais dans l'impasse.


Retour à Pantin, envoi de courriers et nouveaux déplacements


Loin de baisser les bras, je m'empressai de retourner à Pantin pour tenter d'obtenir plus d'informations sur mes collatéraux, non sans avoir envoyé quelques courriers en parallèle, notamment à Bobigny pour obtenir l'acte de décès de Henriette Bourdin-Grimaud.

A Pantin, j'obtins l'extrait de l'acte de mariage de René Victor et Georgette Moreigneaux, qui m'apprit les date et lieu de naissance de cette dernière : en 1911 à Blesmes (Aisne), tandis que l'acte de décès de Henriette me révéla qu'elle avait eu deux époux, d'abord Charles Albert Chesnot puis Emile Armand Chéreau et qu'elle habitait à Aubervilliers, au numéro 116 de la rue Henri Barbusse. A la même époque, dans la même rue mais au numéro 20 vivait son cousin germain, mon grand-père Marcel ! Bien évidemment, mon père n'avait jamais entendu parler de ces cousins...
J'entrepris donc de me rendre au cimetière communal d'Aubervilliers (la fougue du débutant qui ne téléphone pas avant) pour retrouver la tombe de Henriette. Le gardien dudit cimetière me la retrouva bien mais ce n'était pas son nom que j'y vis mais celui de sa fille Huguette Chesnot (1926-1988) et de son gendre Marcel Turck (1928-1990). Allez ensuite retrouver des enfants de ce couple... Impossible à l'époque sans un peu de chance.

Enfin, je décidai de me déplacer à Vaires-sur-Marne pour obtenir au moins un extrait d'acte de mariage de Victor avec Marthe Doutey mais ce dernier ne m'apporta rien de plus et le couple était trop âgé pour avoir d'autres enfants. La généalogie est fréquemment semée d'embuches, nous le savons, surtout quand on tape dans le contemporain.


Voyage à Blesmes et rencontre inattendue


Toujours sans (pôle) emploi et en plein été, j'envisageai de me rendre à Blesmes pour y quérir l'acte de naissance de Georgette Moreigneaux dans l'espoir d'y apprendre quelque chose. Une fois sur place, direction la petite mairie et son service état civil. Je demandai la copie de l'acte que j'obtins aussitôt - tout le registre en fait - mais ne m'apprit rien : aucune mention marginale, pas même le mariage. On dirait bien que quelqu'un a oublié de faire son travail à l'époque. Puis soudainement, le fonctionnaire (RIP Jean Michel Kaminski 1948-2014) se mit à me dire :
« Hey mais attendez, ma belle-mère est une Moreigneaux ! Si vous voulez, je l'appelle et je vous envoie la voir ! »

Je n'en crus pas mes oreilles, voilà qu'on aiderait un inconnu, surgi de nulle part, à rencontrer une veille dame pour discuter généalogie ? Eh bien, c'est ce qui fut fait. Madeleine C. veuve Moreigneaux accepta de me recevoir et je ne fus pas déçu :
  • Elle avait connu Georgette Moreigneaux et René Bourdin-Grimaud mais ces derniers étaient décédés prématurément quand elle était encore adolescente ;
  • Elle avait également bien connu une fille de René, R. Y. (toujours vivante à ce jour) ;
  • Elle me montra sa photo de mariage sur laquelle R.Y. était présente (malheureusement je n'étais équipé pour en faire une copie).

Avec son aide, je compris alors que R.Y. était née autour de 1931. Je n'avais plus qu'à faire une demande d'extrait d'acte de naissance aux deux mairies citées précédemment : Le Raincy et Paris Xe.



Mairie de Blesmes - source Wikipedia



A l'approche du but


Je reçus l'extrait de l'acte de naissance de R.Y. assez rapidement de la part de la mairie de Paris Xe alors que ma demande au Raincy avait dû finir à la poubelle. Vite, une mention marginale ! Oui, un mariage ! En 1951 avec Claude Daniel Gremillot (Chelles 1928 - Vaires-sur-Marne 2019) à... Vaires-sur-Marne ! Tiens donc, j'y étais déjà passé ! Je consultai alors le site des Pages Jaunes dans le fol espoir qu'ils y habitassent encore 53 ans après ! Miracle, c'était le cas ! Je sautai fissa dans ma voiture. La fougue du débutant et de la jeunesse, vous dis-je. Le téléphone ? Jamais entendu parler.

J'arrivai alors dans cette charmante commune verdoyante pas très loin du parc d'attraction de la souris la plus célèbre du monde puis dans la rue où ils ont toujours habité depuis plus de 50 ans (ça, je ne le sus que bien plus tard). Mais, malheur, la maison était recouverte de lierre et semblait inhabitée. Je sonnai alors deux-trois fois mais dans le vide. Sans me démonter, j'eus le culot de sonner chez un voisin, celui de gauche de mémoire et je fus plutôt bien accueilli car je semblais ne pas avoir l'air d'un démarcheur. Ledit voisin connaissait très bien ma supposée cousine et m'informa sans méfiance qu'elle était en vacances dans sa résidence secondaire en Charente-Maritime, non loin de la Rochelle : Fouras. 

De retour chez moi, je regardai de nouveau les Pages Jaunes : cette fois, je me rappelai que j'avais un téléphone.


L'échange téléphonique et enfin la rencontre



Non sans appréhension, je téléphonai à R.Y. et au bout de quelques sonneries, on décrocha. Une voix de femme. J'eus des palpitations ! Je me souviens du dialogue qui suivit :

« Allo, je suis bien chez R.Y. Bourdin-Grimaud épouse Gremillot ?
- Oui, c'est moi, qu'est ce qui se passe ? répondit la voie, un peu hésitante
- Je me présente, je m'appelle Renaud Bourdin-Grimaud.
- ... ... Mais comment ça se fait !? »


Au départ, elle ne me crut pas. Je dus lui détailler pendant une demi-heure toutes mes recherches et lui expliquer notre lien de parenté pour que, progressivement, je gagnasse sa confiance. A la fin, nous décidâmes de nous donner rendez-vous chez elle, à Vaires, à la rentrée de septembre. 

Plus tard, je les rencontrai donc, elle et son mari, dans leur maison devant laquelle j'avais fait chou blanc quelques semaines auparavant. R.Y. me parla de sa grande sœur, Yvonne Marthe (Le Raincy 1925 - Cormeilles-en-Parisis 2021) et sa petite sœur Denise Moreigneaux (Pantin 1935 - Jossigny 2022), me montra quelques photos, le livret de famille, me dit qu'elle avait perdu sa mère à l'âge de 5 ans et son père à 9 et bien d'autres choses encore...

Je n'ai malheureusement pas gardé le contact et je me demande encore pourquoi aujourd'hui. Peut-être ai-je sans doute été refroidi par l'attitude de mon père qui avait appris la nouvelle avec indifférence. Toujours est-il que, mise à part une pause de quelques années, ma passion pour la généalogie ne s'est jamais essoufflée depuis lors.




Mes cousines R.Y., Yvonne et son mari Louis Avril, le mari de R.Y. Claude, et Denise, en 1952 - photo arrangée via MyHeritage






En bonus, la même chanson en duo avec JBO qui parodie Luciano Pavarotti (avancez à 2 minutes) :








5 commentaires:

  1. Un satisfecit pour la mairie de Pantin, et un hiatus perpétuel entre notre passion généalogique et l'indifférence familiale.

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  2. Alors ça c'est une aventure généalogique ! 🤩

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  3. Beau récit d’une super enquête, avec de belles tournures au passé simple s’il vous plait 😊

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  4. Une enquête passionnante comme on les aime :)

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  5. Superbe aventure bien racontée, bravo

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